Le controversé restaurant Cavalli, connu pour être fréquenté par des gens liés au crime organisé, s'est récemment placé sous la protection de la Loi sur la faillite.

L'établissement de la rue Peel, au centre-ville de Montréal, a des problèmes financiers depuis qu'il s'est vu suspendre son permis d'alcool pour 100 jours, le 20 janvier dernier, en raison de diverses infractions à la loi.

L'établissement a accumulé des dettes de 1,2 million de dollars. «L'entreprise fera une proposition concordataire à ses créanciers en juin», a expliqué à La Presse Affaires le syndic au dossier, Noubar Boyadjian, de la firme Litwin Boyadjian.

Les boissons alcooliques ont été mises sous scellés le 21 février. Le resto a fermé temporairement ses portes pour aller de l'avant avec des rénovations, soutient l'un de ses propriétaires, Gianni Caruso, au téléphone. Le restaurant rouvrira en juin, nous a-t-il assuré.

«Pour le moment, les actionnaires font des avances pour payer le loyer, Hydro-Québec et Bell et ainsi éviter que le restaurent ne tombe en faillite», a pour sa part précisé le syndic.

Dans sa décision, la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) a entre autres pris en compte les visites dans l'établissement de gens liés au crime organisé, dont le défunt parrain de la mafia montréalaise Vito Rizzuto.

Le 7 juin 2013, des policiers ont aussi constaté la présence du fils de Vito Rizzuto, l'avocat Leonardo Rizzuto - un individu lié au crime organisé, écrit la RCAJ. Il «se trouvait à l'arrière d'un des bars en train de manipuler de l'alcool et a déclaré aux policiers avoir acheté l'établissement dernièrement», lit-on dans la décision de la RACJ du 20 janvier 2014.

L'établissement a aussi été le théâtre d'une quinzaine d'incidents violents (coups de feu, bagarres, menaces de mort) entre 2006 et 2013.

«Restaurant réputé»

Les propriétaires, Gianni Caruso, Giorgio Damiani et Pino Forgione, ont défendu la réputation de leur établissement dans une lettre ouverte parue dans La Presse à l'été 2013. Ils assuraient que leur restaurant n'était contrôlé par aucun groupe criminel. «Le Cavalli est un restaurant réputé du centre-ville de Montréal, fondé il y a près de 10 ans, et fréquenté par une clientèle régulière provenant du monde politique, artistique, financier et sportif, ainsi que par des touristes de tous horizons», avaient-ils écrit.

Devant la RACJ, M. Damiani a signé un engagement volontaire dans lequel il promet d'interdire l'accès à 15 personnes liées au crime organisé. Il s'est aussi engagé à réduire le bruit et à améliorer la circulation des véhicules autour de l'établissement.

Le 20 février 2014, MM. Caruso, Damiani et Forgione ont déposé un avis de proposition pour le Cavalli et pour un autre restaurant, le Wood 35, situé au 3500, boulevard Saint-Laurent. Dans ce dernier cas, les dettes s'élèvent à 1 million, dont 131 755$ | sont dus au restaurant Cavalli.

«C'est vraiment difficile sur le boulevard Saint-Laurent pour les restaurateurs», a expliqué le syndic à propos des déboires financiers du Wood 35. Avec tous les besoins monétaires du Cavalli, les propriétaires ont décidé de le mettre sous la protection [de la Loi sur la faillite].» Le Wood 35 demeure ouvert, et une proposition aux créanciers sera déposée avant juin.

Parmi les créanciers des deux établissements, TD Canada Trust a une créance de 355 000$, Revenu Québec, de 157 000$, et le cabinet d'avocats Fasken Martineau, de 108 000$.