Après avoir vendu - deux fois - le Canadien de Montréal, France Margaret Bélanger est la nouvelle responsable des affaires juridiques de l'équipe. À 41 ans, elle est l'une des rares à détenir un poste juridique aussi prestigieux dans la LNH. Et la première femme à faire partie du comité de direction du Canadien de Montréal en 104 ans d'histoire.

Début décembre, environ 150 des personnes les plus influentes du hockey sont réunies en Californie pour la réunion trimestrielle des gouverneurs de la LNH. Tous des hommes, sauf deux avocates. Dont France Margaret Bélanger, la nouvelle avocate du Canadien de Montréal. «Les gens viennent se présenter, ils sont très polis et courtois, dit-elle. Il faut dire qu'il y avait aussi peu de femmes dans mon domaine de spécialité comme avocate, et ça ne m'a jamais dérangée.»

En août dernier, France Margaret Bélanger, 41 ans, obtient l'un des postes les plus prestigieux en droit sportif du pays: vice-présidente principale et chef des affaires juridiques du Canadien de Montréal. Elle devient ainsi l'une des rares avocates d'une équipe de sport professionnel en Amérique du Nord (il n'y aurait qu'une autre avocate cadre parmi les équipes de la LNH), et la première femme à siéger au comité de direction du Canadien en 104 ans d'histoire.

Quand Geoff Molson décide d'engager un avocat à temps plein pour gérer les dossiers juridiques du Groupe CH, le nom de cette associée en droit corporatif chez Stikeman Elliott s'impose naturellement. «J'avais l'avantage d'avoir 12 ans de longueur d'avance en termes de connaissances de l'entreprise», dit la vice-présidente principale et chef des affaires juridiques du Groupe CH, qui regroupe aussi evenko, le Centre Bell et l'Équipe Spectra.

Partisane du Canadien depuis son enfance à Matane, sa relation professionnelle avec le Tricolore a commencé en 1999 quand l'homme d'affaires américain George Gillett mandate le cabinet Stikeman Elliott pour acheter l'équipe de hockey et le Centre Bell (à l'époque le Centre Molson, mais c'est l'histoire d'un autre de ses mandats). L'avocat responsable du dossier, Me Pierre Raymond, l'assigne alors à ce dossier plutôt prisé. «Au bureau, certains amateurs de hockey, qui avaient leurs billets de saison, se demandaient pourquoi c'était moi qui travaillais là-dessus...»

Minimiser les risques

Une fois la transaction effectuée, elle s'acquittera de la plupart des mandats d'entreprise du Tricolore dans le cadre de sa pratique chez Stikeman Elliott, le seul cabinet qu'elle a connu en 18 ans de pratique privée. Le passage des droits d'identification de Molson à Bell. La construction du complexe d'entraînement à Brossard. Puis, la vente de l'équipe en 2009, alors qu'elle supervise les enchères avec le président Pierre Boivin et Jeff Joyce, l'homme de confiance de M. Gillett. Un mandat juridique d'une ampleur considérable, même si elle a travaillé sur des dossiers plus complexes comme la restructuration d'Air Canada au début des années 2000. «L'idée, c'est de vendre en maximisant le prix et en minimisant les risques pour le vendeur, dit-elle. Dans une vente, un acheteur pose parfois des conditions qui engagent la responsabilité du vendeur pendant un certain temps et un vendeur cherche généralement à limiter ce genre de clauses.»

Après avoir «laissé passer un peu de temps» après la vente de l'équipe, elle reçoit d'autres mandats du Tricolore et négocie le passage de l'Impact de Montréal en MLS. Puis, le président Geoff Molson décide de doter le Groupe CH d'un vice-président des affaires juridiques. En même temps, le directeur général du CH, Marc Bergevin, engage un avocat ontarien spécialiste de la convention collective, John Sedgwick, qui est rattaché au service hockey. Les contrats des joueurs, c'est lui, tandis que France Margaret Bélanger gère l'ensemble des dossiers juridiques de l'entreprise. «Mon rôle, c'est de minimiser les risques», dit-elle.

Comme tout responsable d'un contentieux juridique d'une entreprise, elle jongle avec des dossiers variés: les projets immobiliers du CH, la Place Bell, les contrats de restauration, les relations de travail. Ses premiers mois au Groupe CH, elle les a beaucoup consacrés à l'acquisition de l'Équipe Spectra puis à la négociation des droits télé régionaux des matchs du CH avec le vice-président exécutif Kevin Gilmore, lui aussi avocat de formation.

«Il n'y a pas deux jours pareils. C'est une pratique très contractuelle. Ma spécialité a toujours été les fusions/acquisitions et le financement. Si on m'arrive avec un problème de droit du travail, j'ai des réflexes, mais ce n'est pas moi qui vais aller plaider en cour. Mon travail, c'est d'être plus qu'une avocate, c'est d'être aussi une gestionnaire», dit la nouvelle détentrice d'un MBA de l'Université McGill et HEC Montréal.