Au contraire des grands patrons de Bell, Rogers et Québecor, le hockey n'est pas la première préoccupation de Louis Audet ces jours-ci. Pendant que ses rivaux s'arrachent à coups de milliards de dollars les droits de diffusion des matchs du Canadien et de la LNH, le président et chef de la direction de Cogeco attend patiemment la fin du match, sachant déjà le résultat pour ses clients: une hausse de leur facture.

«La surenchère [pour les droits des événements sportifs] se fait déjà aux États-Unis et elle a résulté en des hausses des coûts», dit Louis Audet, qui admet qu'il y a un «lien pas mal direct» entre la hausse du prix des droits de diffusion et le prix du câble. Et justement, les droits de diffusion de la LNH coûteront au moins deux fois plus cher à Rogers que le contrat actuel avec CBC-Bell. «Nous nous battrons bec et ongles [avec les chaînes] pour que les prix ne montent pas trop. Et si nous ne nous entendons pas, nous irons devant le CRTC qui a mis des mécanismes de contrôle [dans le cadre de la transaction Bell-Astral] et qui est très axé sur le consommateur», dit le grand patron de Cogeco, un distributeur télé qui n'est pas propriétaire de chaînes comme Bell, Rogers et Québecor.

Nouvelle plateforme vidéo

Louis Audet a trop de dossiers sur son bureau ces temps-ci pour penser au hockey. Au Québec, Cogeco teste une nouvelle plateforme vidéo similaire à l'enregistreur numérique TiVo. En Ontario, Cogeco a l'intention d'offrir de plus petits forfaits, à l'instar de son plan d'affaires au Québec. Aux États-Unis, l'entreprise montréalaise veille à continuer la croissance du câblodistributeur Atlantic Broadband, acquis il y a un an demain au coût de 1,36 milliard de dollars.

Après cette supertransation, Cogeco s'est donné comme objectif de réduire son ratio d'endettement de 3,5 actuellement à 3,0 en 2015. «Nous ne sommes pas vraiment en mode grosses acquisitions, mais peut-être en mode petites acquisitions», dit Louis Audet. Dans ce contexte, l'entreprise ne profitera pas des enchères de spectre sans fil en 2014 pour se lancer dans la téléphonie sans fil. «Nous avons examiné cette possibilité [en vue des enchères de 2008] mais nous avons estimé ne pas avoir les reins assez solides. Nous avons pris la bonne décision: outre Vidéotron qui pouvait compter sur le soutien des entreprises de Québecor, tous les nouveaux entrants sont en faillite.»

Centres de données

Depuis quelques années, Louis Audet, un ingénieur de formation, s'intéresse plutôt aux services aux entreprises, particulièrement en hébergement de données. Par le biais de sa filiale Peer 1, Cogeco dispose de 24 centres de données aux États-Unis, en Europe et au Canada. L'entreprise ouvrira au printemps 2014 son centre de données montréalais, un investissement de 100 millions sur 10 ans dans un secteur où le potentiel de croissance est nettement plus élevé ("10% par an) que la câblodistribution (4-5% par an), selon Louis Audet. «Je ne sais pas jusqu'où ça va aller, mais ça va être beaucoup plus gros, dit-il. Les entreprises ne veulent pas investir dans ce type d'infrastructures mais elles ont besoin de ce type de services, et les consommateurs accumulent de l'information comme des vidéos, des photos de famille, des documents légaux. Ce n'est pas un phénomène temporaire.»