Ils donnent des bourses aux étudiants, des pavillons universitaires portent leurs noms, et pourtant, les grands fortunés de la planète sont nombreux à ne pas détenir de diplôme d'études universitaires, ou même secondaires. Il n'y a pas qu'Einstein qui n'a pas aimé l'école.

L'homme derrière les magasins Zara, l'Espagnol Amancio Ortega, en a eu assez de ses professeurs - et de la pauvreté de sa famille - à 13 ans. Guy Laliberté, à qui l'on doit l'empire qu'est devenu Le Cirque du Soleil, a pris les rues d'assaut avec son équipement de cirque à 16 ans. L'homme d'affaires chinois Li Ka-shing  n'a pas terminé le secondaire; le survivant de l'Holocauste Marcel Adams, aujourd'hui un magnat de l'immobilier, s'est construit une fortune à partir de rien, excepté de lourds souvenirs de guerre. Mancio Ortega, Bill Gates, Larry Ellison, Liliane Bettencourt, Christy Walton, Sheldon Adelson, Karl Albrecht: parmi les 20 personnes les plus riches selon Forbes, ils sont sept à ne pas avoir de diplôme universitaire.

Au Québec, des dix personnalités qui figurent au palmarès des plus grandes fortunes mondiales, six ont terminé des études supérieures. Alain Bouchard, qui a récemment rejoint le club des milliardaires grâce aux succès de ses dépanneurs Couche-Tard, dit s'être «formé lui-même», aidé de quelques cours de soir à l'université de Montréal. Emanuele Saputo, connu pour les fromages et le stade de soccer qui portent son nom, a abandonné les études après le secondaire. Mais qui dit richesse dit également philanthropie. Guy Laliberté a fondé One Drop, une organisation qui sensibilise la population à l'utilisation de l'eau et qui mise beaucoup sur l'éducation. La Fondation Saputo, elle, remet des bourses aux étudiants-athlètes prometteurs.

Marcel Adams a quant à lui fait un don d'un million de dollars à des étudiants israéliens en médecine. Cocasse, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale de Paris porte le nom de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, qui ne s'est pourtant jamais assise sur les bancs d'université. Sheldon Adelson, qui a bâti sa fortune grâce aux casinos de Las Vegas, a donné son nom au Adelson Educational Campus, qui prône une éducation basée sur les valeurs juives, en plein dans la Sin City. Li Ka-Shing, huitième fortune mondiale, procure aux étudiants de Stanford ce que la guerre lui a enlevé. Quand la prestigieuse université a donné son nom à un centre affilié à son école de médecine, il s'est dit honoré, conscient qu'il est de l'importance de mener des études de haut niveau.

Payantes, les études?

Les ultra-riches sans salaire sont-ils donc l'exception, ou la norme?

Au Québec, sur plus de six millions de contribuables, 2728 contribuables étaient millionaires en 2011. Quant au salaire des Canadiens, les données indiquent que le revenu d'emploi des diplômés de niveau postsecondaire est plus élevé que celui des personnes sans formation postsecondaire.

Le salaire moyen des Canadiens détenant un baccalauréat était de 51 945$ en 2005, l'année la plus récente pour laquelle Statistique Canada a rapporté ce type de données. Pour les universitaires qui avaient un diplôme supérieur au baccalauréat en poche, ce nombre passait à  67 675$.  En comparaison, le revenu d'emploi moyen des Canadiens était de 36 301$ cette année-là.

Comme l'indique Statistique Canada sur son site Web, un rapport publié en 2004 indiquait toutefois que le quart des diplômés universitaires gagnaient beaucoup plus que les diplômés de niveau secondaire, mais également, que le quart des titulaires d'un diplôme universitaire touchaient des salaires inférieurs à ceux de la moyenne des diplômés du secondaire.

Reste à savoir si ce sont les riches Canadiens qui ont fait pencher la balance.