Le géant de l'internet Google a mis Wall Street en émoi jeudi suite à une gaffe de son imprimeur: il a publié prématurément ses résultats trimestriels, qui pour ne rien arranger étaient très en dessous des attentes.

Un communiqué, publié sur le site internet du gendarme boursier américain (SEC) en plein milieu de la séance, a dévoilé que le bénéfice net s'était effondré de 20% au troisième trimestre, à 2,176 milliards de dollars.

Le bénéfice ajusté par action, suivi par les investisseurs, est de seulement 9,03 dollars, plus d'un dollar de moins que la prévision du marché.

Le titre Google s'est immédiatement effondré de plus de 10% en Bourse. La cotation a ensuite été suspendue pendant deux heures et demie, jusqu'à la publication d'un communiqué officiel. Elle a clôturé en baisse de 8,01% à 695 dollars.

Environ 20 milliards de dollars de capitalisation boursière se sont ainsi évaporés, faisant retomber Google derrière Microsoft qu'il avait récemment dépassé.

Les résultats n'étaient normalement prévus qu'après la clôture. Le directeur général, Larry Page, s'est dit «désolé pour le cafouillage» lors d'une conférence avec des analystes. «Nos imprimeurs (...) ont appuyé sur le bouton envoi un peu trop tôt».

Une porte-parole du groupe avait évoqué plus tôt la communication «sans autorisation» à la SEC d'une version «provisoire», invoquant une erreur de l'imprimeur chargé de publier les résultats, la société RR Donnelley.

Ce dernier, un ancien éditeur d'annuaires qui depuis s'est diversifié, a indiqué avoir lancé «une enquête pour déterminer comment cet événement a eu lieu». La SEC a refusé de commenter.

Les internautes ont beaucoup ironisé, notamment sur Twitter, sur une mention du premier communiqué indiquant «citation de Larry en attente» («Pending Larry quote»), en lieu et place des commentaires du directeur général.

Un compte parodique baptisé «@PendingLarry», créé pour l'occasion, affichait près de 1.200 abonnés en fin de journée, après plusieurs commentaires du type: «Voici ce qui arrive quand on soumet son rapport à la SEC via Android», le système d'exploitation pour mobile de Google.

Le vrai Larry Page a évoqué pour sa part «un bon trimestre», insistant sur la hausse de 45% du chiffre d'affaires qui, à 14,10 milliards de dollars, a dépassé les attentes. Il a toutefois été gonflé par l'acquisition de Motorola Mobility, bouclée le 25 mai et sans laquelle la croissance serait de 19%.

Pour la plupart des analystes, le fabricant de téléphones portables est également le principal responsable de la mauvaise surprise sur les résultats: il a accusé une perte d'exploitation de 527 millions de dollars, et les coûts de sa restructuration, avec 4000 suppressions d'emplois annoncées en août, ont aussi plombé les comptes de sa nouvelle maison mère.

L'influence de Motorola sur les résultats a été confirmée par le directeur financier, Patrick Pichette, qui a aussi évoqué des frais de marketing plus élevés liés au lancement de la tablette Nexus 7, ainsi que des effets de change défavorables.

Bank of America a souligné que les revenus dégagés par les sites internet du groupe étaient moins élevés que prévu, «ce qui alimente les craintes liées à la transition vers le mobile» des accès à internet.

Larry Page a dit n'être «pas inquiet». «C'est plutôt une chance pour nous car nous sommes mieux positionnés que d'autres entreprises», a-t-il dit. Android équipe plus d'un demi-milliard d'appareils dans le monde.

D'après lui, Google pouvait désormais dégager plus de 8 milliards de dollars par an grâce au mobile. «La vaste majorité vient de la publicité», le reste de contenus, vendus par exemple dans le magasin en ligne Google Play, a précisé Patrick Pichette.

Les revenus publicitaires totaux du groupe ont atteint 10,86 milliards de dollars au troisième trimestre (+16%).

Au final, la déception du troisième trimestre est «juste un hoquet dans l'ascension de Google», a jugé l'analyste indépendant Jeff Kagan.