CGI (GIB.A) a annoncé jeudi l'achat de Logica, de Londres, en vue de devenir un des leaders mondiaux des technologies de l'information avec des revenus de 10,4 milliards de dollars et des bureaux dans 43 pays.

En fait, la québécoise double de taille en achetant l'anglaise, pourtant plus grosse qu'elle, et devient du coup un acteur d'envergure en Europe.

Avec 72 000 employés, CGI passerait devant Metro et Bombardier comme étant l'entreprise québécoise qui compte le plus d'employés.

D'une valeur de 3,315 milliards, la transaction comporte le rachat d'actions de Logica pour 2,8 milliards et la prise en charge de la dette nette évaluée à 515 millions, au 31 décembre 2011.

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Au prix offert (incluant la dette), CGI paie l'équivalent de 6,6 fois les bénéfices avant intérêts, impôt et amortissement (BAIIA) des 12 derniers mois.

«Depuis 36 ans, CGI a un rêve, celui de créer un environnement où nous avons du plaisir à travailler ensemble et où nous participons au développement d'une entreprise dont nous sommes fiers», a dit Serge Godin, président exécutif du conseil, dans son message aux médias, hier.

Pour réussir ce grand jeu, CGI a demandé et obtenu le coup de main de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui injecte 1 milliard dans le capital-action de l'entreprise aux 70 acquisitions.

Le bas de laine des Québécois détiendra dorénavant 25% des actions de catégorie A de CGI et 11,2% des droits de vote.

«Cet investissement correspond en tous points à notre stratégie qui vise à favoriser la croissance internationale des entreprises québécoises tout en générant des rendements attrayants à long terme pour nos déposants, a dit Michael Sabia, grand patron de la Caisse, par voie de communiqué.

Grâce à l'apport de la Caisse, CGI limite la hausse de son endettement à 45% de la valeur des capitaux propres des deux entreprises combinées.

La dette nette de celle-ci atteindra 2,75 fois le BAIIA de l'entité fusionnée. Ce ratio redescendrait à 1,88 après un an et à un ratio de 1,5 après deux ans. Leurs prêteurs imposent un plafond de 3,5 fois le BAIIA, a fait savoir M. Godin en conférence de presse.

Pour sa part, Michael E. Roach, président et chef de la direction de CGI, a indiqué, en téléconférence, que CGI avait accès à des liquidités additionnelles de 800 millions, en cas de coup dur.

Bon pour les actionnaires

Concrètement, CGI offre 105 pence, ou 1,68$ par action de Logica, soit une prime de 60% par rapport au prix au 30 mai, une prime de 50% par rapport au prix moyen en mai et une prime de 33% par rapport au prix moyen de l'action de Logica des six derniers moins.

Si la transaction récompense les actionnaires de Logica, elle l'est tout autant pour les actionnaires de CGI, a soutenu M. Godin. L'acquisition de Logica augmente immédiatement le bénéfice par action (BPA) de 25 à 30%, même en tenant compte de la dilution créée par le placement privé de la Caisse.

Cette estimation ne tient pas compte des synergies de 200 millions par année que compte réaliser CGI d'ici trois ans. Cette croissance du BPA devrait augmenter d'ici la fin de la période d'intégration de trois ans, a répété à quelques reprises le président exécutif.

Le conseil d'administration de Logica recommande à l'unanimité de la transaction à ses actionnaires. Des engagements irrévocables ont été obtenus des administrateurs et de deux actionnaires d'importance, représentant 18,2% des actions en circulation de Logica.

CGI doit amasser 75% des actions pour que la transaction se concrétise. Il n'y a pas de pénalité prévue si la transaction achoppe, la Bourse de Londres interdisant cette pratique. En cas de dépôt d'une offre concurrente, CGI a le droit d'égaler l'offre.

Forte présence européenne

Logica a des revenus de 6,2 milliards, 41 000 employés et 200 bureaux dans le monde. Affaiblie par la conjoncture européenne, l'entreprise mondiale de services en technologies de l'information et en solutions d'affaires a annoncé en décembre dernier une compression de 3% de son effectif.

Logica a une forte présente européenne qui est complémentaire à l'offre de CGI, surtout concentrée en Amérique du Nord. L'Europe compte pour 30% des dépenses mondiales en TI.

«Il est très important pour nos clients de pouvoir compter sur des partenaires de classe mondiale qui puissent les assigner là où ils sont», a expliqué M. Godin. Les deux tiers de ses grands clients, ceux qui comptent pour 20% de ses revenus, ont des activités de TI en Amérique du Nord et en Europe; un autre tiers à des activités TI en Amérique du Nord, en Europe et en Asie-Pacifique.

La transaction en bref: Offre amicale au comptant incluant la prise en charge d'une dette de 515 millions.

Montant: 1,7 milliard de livres en excluant la dette ou 2,8 milliards CAN

Prix offert par action de Logica: 105 pence, ce qui représente une prime de 59,8% par rapport au dernier cours de 65,70 pence hier soir. Les membres du conseil d'administration et les sociétés d'investissement Schroder et Artemis se sont déjà engagés à offrir leurs actions qui représentent 18,19% du capital de la société britannique.