Facebook a plongé lundi, le scepticisme des investisseurs sur sa valorisation astronomique semblant l'emporter dès son deuxième jour de cotation, alors que seul le soutien des banques avait permis vendredi de sauver de l'échec son entrée en Bourse ultramédiatique.

Chutant d'environ 8% en-dessous de son prix d'introduction à l'ouverture de son deuxième jour de cotation, l'action Facebook a perdu plus de 4 dollars, ou 10,99%, pour finir à 34,03 dollars, après avoir brièvement perdu jusqu'à 13,68% en matinée.

A la différence de vendredi, où la morosité générale ambiante avait pu peser sur le titre, cette fois sa chute représentait un vrai contraste par rapport au rebond perceptible sur tous les marchés américains.

Cette contre-performance de «FB» illustrait pour beaucoup le scepticisme persistant des investisseurs vis-à-vis de la solidité de Facebook, un temps occulté par l'énorme engouement du public pour le géant des réseaux sociaux sur internet.

Alors qu'il y a quelques jours à peine, certains analystes estimaient que Facebook et ses banquiers, au premier rang desquels Morgan Stanley, auraient pu fixer un prix supérieur à la fourchette de prix annoncée, de 28 à 35 dollars, beaucoup finissaient par trouver que les 38 dollars retenus étaient finalement peut-être excessifs.

«Quelqu'un s'est trompé en fixant le prix, cette bourde signifie que le prix de l'action a été fixé trop haut», relevait l'analyste Douglas McIntyre sur le site spécialisé 247WallSt.com.

Vendredi, les banques avaient pu éviter que l'introduction en Bourse tourne au désastre en soutenant le titre à bout de bras, à coup d'achats de titres. L'action n'était jamais tombé sous les 38 dollars, même si elle avait longtemps tourné autour de ce seuil.

Mais lundi, «ce soutien semble épuisé», a noté Lou Kerner, fondateur du Social Internet Fund.

Aujourd'hui «les investisseurs sont sur la défensive. La plupart d'entre eux pensaient que (Facebook) était une bonne affaire, et maintenant que ce n'est pas le cas, personne ne sait jusqu'où cette descente peut aller», a-t-il ajouté.

A Wedbush Securities, Michael James a remarqué de son côté que le marché semblait animé essentiellement par des professionnels à la recherche de profits rapides.

«C'est le titre sur lequel il y a eu le plus d'échanges vendredi et cela le sera probablement aujourd'hui», a-t-il noté, estimant qu'il y a beaucoup «d'acteurs de court terme qui s'intéressent au titre».

En effet, aux États unis du moins, les particuliers sont fortement dissuadés par leurs courtiers de céder leurs titres avant 15 jours au moins de cotation, sous peine d'être exclus à l'avenir de nouvelles entrées en Bourse.

Certains analystes notaient que ces échanges des premiers jours n'étaient pas forcément indicatifs d'une tendance à long terme: «cela rappelle l'entrée en Bourse de Google, qui avait peiné à ses débuts», a noté M. Kerner.

«Mais quand Facebook publiera ses chiffres du deuxième trimestre, à la mi ou à la fin juillet, les actions s'échangeront plus sur (la base) des fondamentaux, plutôt que sur la peur».

Google pèse aujourd'hui quelque 200 milliards de dollars de capitalisation boursière, contre 23 milliards au moment de son entrée en Bourse en 2004.

Site aux 900 millions d'utilisateurs dirigé par un jeune patron de 28 ans, Facebook, lui, a commencé son existence de société cotée avec une valorisation de plus de 100 milliards de dollars, ce qui peut décourager des mouvements de hausse.

Trip Chowdhry, un analyste de Global Equities Research parmi les plus critiques des performances de Facebook, notait lundi que le réseau social était, avec YouTube (groupe Google), l'un des principaux bénéficiaires de la déconfiture de leur concurrent Yahoo!, en termes de recettes publicitaires récupérées.

«Nous pensons que Facebook est une bonne entreprise, mais pas à ce niveau de valorisation», écrivait-il lundi.