Tout en restant bien campée sur ses engagements de rester très accommodante jusque vers la fin de 2014, la Réserve fédérale (Fed) se montre un peu plus encouragée par les récentes données économiques. Du même coup, elle répète que les marchés financiers mondiaux représentent toujours un risque baissier «significatif».

Les membres de son conseil et les présidents des Réserves régionales (17 personnes en tout) estiment désormais que la croissance américaine devrait osciller à l'intérieur d'une fourchette de 2,4% à 2,9% entre décembre 2011 et décembre 2012. En janvier, les 17 voyaient plutôt une fourchette de 0,2% plus faible.

«Le Comité s'attend à ce que la croissance économique reste modérée au cours des prochains trimestres avant de gagner du rythme petit à petit», lit-on dans le communiqué faisant part hier de sa décision de laisser en place l'ensemble de ses mesures de détente. Dans le communiqué du 13 mars, il n'y avait aucune mention d'une accélération de l'expansion.

Cette accélération sera néanmoins moins significative que la voyait la Fed en janvier. Pour 2013, la fourchette de croissance oscille désormais de 2,7% à 3,1%, soit un dixième de moins que celle de janvier. Pour 2014, la Fed entrevoit une expansion entre 3,1% à 3,6% comparativement à une fourchette de 3,3% à 4,0%, estimée en janvier.

À long terme, on s'en tient à une croissance de 2,3% à 2,6%.

En conférence de presse, le président de la Fed, Ben S. Bernanke, a rappelé que cette fourchette était le résultat des pronostics des 17 membres. Sans doute ont-ils tenu compte davantage de l'entrave fiscale qui se fera sentir davantage, a-t-il suggéré.

Un regain de confiance est plus palpable encore du côté du chômage, dont le taux devait osciller de 7,8% à 8,0% en fin d'année, soit un demi-point de moins que la fourchette de janvier. Fin 2014, il pourrait même baisser jusqu'à 6,7%, ce qui reste encore loin du taux à long terme qui devrait se situer entre 5,2% et 6,0%.

En matière d'inflation, les 17 croient que l'indice des dépenses personnelles de consommation évoluera très près de la cible de 2,0% cette année, avant de ralentir jusqu'à 1,6% ou 1,7% en 2013 et 2014. «La hausse des prix du pétrole et de l'essence cette année va influencer l'inflation seulement de manière temporaire», précise le communiqué.

Appelé à plusieurs reprises en conférence de presse à préciser si la Fed était prête à puiser davantage dans sa boîte à outils non conventionnels pour stimuler l'économie, M. Bernanke a réitéré être prêt «à modifier le bilan de la Fed si nécessaire». C'est l'évolution de la conjoncture qui la guidera en la matière.

Il n'a donné aucune indication quant à une éventuelle prolongation de l'opération Twist qui doit prendre fin en juin. Par cette opération de 400 milliards US, la Fed troque des obligations du Trésor de courte échéance contre des plus longues.

La Fed maintient toujours son taux directeur dans une fourchette de 0% à 0,25%, mise en place en décembre 2008. Elle continue aussi de réinvestir le principal et les intérêts de ses titres hypothécaires arrivés à maturité dans de tels véhicules tout comme elle le fait avec ses Treasuries.

«L'amélioration des conditions économiques et financières est insuffisante pour pousser la Réserve fédérale à signaler un changement majeur dans la conduite de la politique monétaire», résume Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Pour la deuxième fois cette année, les 17 ont indiqué à quel moment ils prévoyaient allait prendre fin la politique monétaire «exceptionnellement» accommodante en place. Sept membres voient la première hausse en 2014, soit deux de plus qu'en janvier qui avaient alors penché pour 2015. Trois membres la voient dès cette année, trois autres l'an prochain.

«La médiane du niveau de taux directeurs à la fin de 2014 est passée de 0,50% à 0.75%, ce qui implique une hausse supplémentaire, estime Francis Généreux, économiste principal au Mouvement Desjardins. Cette médiane doit être utilisée avec prudence puisqu'elle inclut les prévisions de membres qui n'ont pas droit de vote sur la décision du comité de politique monétaire.»

La prochaine réunion de la Fed aura lieu le 20 juin.