Les filles ne sont pas élevées pour être aussi ambitieuses que les garçons, a déploré jeudi Sheryl Sandberg, directrice d'exploitation de Facebook, classée au 5e rang des femmes les plus influentes du monde par le magazine Forbes, lors d'un débat à Davos sur les femmes.

Le Forum économique mondial (WEF) de Davos, qui discute depuis mercredi principalement finances, crise de l'euro, développement durable parmi un public majoritairement masculin, s'est intéressé également à la place des femmes dans la société et sur de nouveaux modèles de «leadership», plus ouverts aux femmes.

«Nous avons un fossé de l'ambition partout dans le monde» entre hommes et femmes, a soutenu Sheryl Sandberg. «Nous disons que nous voulons éduquer nos filles aussi bien que nos garçons mais nous ne le faisons pas en réalité. Nous n'élevons pas nos filles pour être aussi ambitieuses que nos garçons».

«Plus un homme est puissant et a du succès, plus il est aimé. Plus une femme est puissante et réussit, moins on l'aime», a-t-elle également observé.

«De la toute petite enfance à l'adolescence et jusqu'au mariage, on récompense les hommes à chaque étape pour avoir pris des risques, pour avoir été compétitif», tandis qu'«on dit aux femmes: ''effacez-vous, soyez ordinaires''», a poursuivi Mme Sandberg.

«Il faut changer cela et dire aux hommes d'être plus ambitieux à la maison et à nos filles d'être plus ambitieuses pour réussir sur le marché du travail», a-t-elle conclu.

Pour Yingluck Shinawatra, Première ministre de Thaïlande, «l'ambition est importante mais l'éducation et la formation des femmes sont encore plus importantes» pour développer leur potentiel.

Les intervenants à Davos n'étaient pourtant pas tous sur la même longueur d'ondes, tel ce banquier du Koweit expliquant, lors d'un autre débat, qu'il fallait créer beaucoup d'emplois dans les pays arabes «pour donner aux jeunes garçons une chance». Le même supportait difficilement d'être interrompu dans ses interventions par une journaliste d'une télévision arabe.

À l'opposé, le très féministe et prix Nobel de la paix Desmond Tutu a affirmé que le tour était venu pour les femmes de se soulever, après le mouvement de révolte dans le monde arabe. Les femmes ont été trop longtemps exclues de la politique, a-t-il déclaré mercredi.

«Nous les hommes avons mis la pagaille pendant des siècles. Laissons-les essayer», a-t-il martelé vendredi.