Du haut de leur loft qui surplombe la place des Festivals, une petite équipe met en branle ce qui pourrait devenir le Facebook ou le Foursquare du magasinage en ligne. Des investisseurs chevronnés y croient aussi et viennent de leur accorder une enveloppe de 325 000$ pour mettre de l'avant leur projet: Buyosphere.

Buyosphere, c'est une plateforme d'échange de conseils et d'idées pour aider les internautes à faire leurs achats sur le web. Une façon, vous diront certains, de répondre au sentiment de solitude qui habite les consommateurs du web. Mais une manière avant tout de leur permettre de s'exposer aux nouveautés et de bâtir un réseau social axé sur les intérêts personnels de chacun.

«On ne partage pas nécessairement les mêmes goûts ou les mêmes besoins que les gens qui font partie de notre cercle d'amis, explique Tara Hunt, présidente et cofondatrice de Buyosphere. C'est pour ça qu'on s'adresse à la sphère des intérêts plutôt qu'à la sphère sociale.»

Le site qu'elle a lancé en compagnie de Jérôme Paradis et de Cassandra Girard propose aux utilisateurs de faire part des articles qu'ils souhaitent se procurer.

Vous cherchez un foulard ou un bracelet particulier? Après avoir lancé votre bouteille 2.0 dans la mer de Buyosphere sous la forme d'une question, un autre usager viendra vous faire part de sa suggestion. À terme, Tara Hunt anticipe que des réseaux se bâtiront à l'intérieur de Buyosphere selon les préférences de ses usagers.

Mais Buyosphere n'est pas toute seule dans le monde des intermédiaires du commerce en ligne. La niche que l'entreprise montréalaise convoite est déjà ciblée par nombre de concurrents qui souhaitent offrir une plus-value à ce que proposent déjà les géants Amazon et Google.

«Dans Google product search, si on cherche «manteau d'hiver» par exemple, on obtient plus d'un million de résultats. Comment peut-on choisir lorsqu'on propose autant de résultats?», demande-t-elle.

Pour démontrer l'utilité de sa plateforme tout en répondant à la question, la présidente de Buyosphere raconte ce que l'hiver génère comme contenu sur sa plateforme.

«On reçoit des questions de New York, Boston, Chicago et Minneapolis de gens qui recherchent un bon manteau d'hiver, et on a des gens de Montréal qui leur répondent: «Nous, on sait ce dont vous avez besoin.»»

À moyen terme, Buyosphere devra son succès à ces internautes qui offrent gratuitement de leur temps pour partager leurs conseils. Pour maintenir leur assiduité, l'équipe de Buyosphere planche sur un système de récompense qui accordera éventuellement aux usagers les plus actifs des chèques cadeaux ou des bons de réduction.

Des commerçants viendront s'ajouter également. Pour ceux-ci, Tara Hunt a déjà réservé une place dans son plan d'affaires. «On pense à un système où le commerçant paiera pour chacune des propositions qu'il fera aux usagers», explique-t-elle.

Pour le moment, Buyosphere n'est offert qu'en version anglaise, mais si tout va comme prévu, des versions espagnole et française devraient apparaître au cours de l'année. C'est que l'entreprise souhaite avant tout percer le marché américain de la mode. Une niche bien ciblée susceptible de lui permettre de se démarquer de ses concurrents.

Quoi qu'il en soit, les projets comme celui de Byosphere s'attaquent à un marché en pleine croissance. Comme partout sur la planète, le commerce électronique gagne année après année des parts de marché au pays. En 2010 seulement, les Canadiens ont dépensé selon Statistique Canada pour près de 15,3 milliards de commandes en ligne.

Changer du tout au tout

Le parcours des entrepreneurs est rarement exempt d'échecs, et les membres de l'équipe de Buyosphere n'y ont pas échappé. Leur entreprise n'existe sous sa forme actuelle que depuis novembre dernier après s'être appelée Shwowp. Un nom que «personne ne savait prononcer ou épeler», rappelle Tara Hunt.

En plus du nom de l'entreprise, l'approche de Shwowp a également sombré au fond du bain, laissant seule l'idée originale des cofondateurs qui se sont rabattus sur un format question/réponses. Une solution qui leur a permis d'obtenir en l'espace de quelques semaines un fonds d'amorçage de 325 000$ de Real Ventures et d'une poignée d'anges financiers.

Ces derniers ont sans doute reconnu aussi la réputation de Tara Hunt avant de prendre leur décision d'affaires. Sommité en matière de marketing en ligne, elle participe depuis plusieurs années à des conférences sur la question. D'ailleurs, si un compte Twitter est garant d'une notoriété, il faut savoir que plus de 40 000 individus s'intéressent déjà à ce qu'elle a à partager.

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BUYOSPHERE

Fondateurs

Tara Hunt, Jérôme Paradis et Cassandra Girard

Présidente

Tara Hunt

Investisseurs

Real Ventures et une poignée d'anges financiers

Le concept en 140 caractères

Plateforme permettant aux consommateurs de partager suggestions, expérience et idées pour améliorer leur expérience d'achat sur le web.

Objectifs d'ici six mois

« Avoir au moins 30 questions à l'heure sur notre plateforme et un taux de réponse à ces questions d'au moins 75%. » Tara Hunt