Le divorce est une question complexe. Trop souvent, les conjoints qui se séparent passent à côté d'aspects financiers majeurs. Tout cela peut leur faire perdre (ou gagner!) des centaines de milliers de dollars. Coup d'oeil sur la face cachée du divorce...

Dire que Louise (nom fictif) pensait en avoir fini avec les procédures de divorce! Le jugement avait été prononcé et il ne restait que des formalités avant qu'elle obtienne la moitié du régime de retraite de son ex-mari.

Hébergée chez une proche parente, la mère de famille de 51 ans qui n'avait jamais travaillé attendait impatiemment les 450 000 $ pour se trouver un logement et subvenir à ses besoins. Mais elle est tombée en bas de sa chaise.

En demandant le transfert, elle a réalisé que la valeur du régime était de 400 000 $ au lieu de 900 000 $ comme il était pourtant écrit sur le dernier relevé annuel de son ex-mari. Sauf qu'en cas de divorce, les hypothèses actuarielles ne sont pas les mêmes. «Vous avez droit à seulement 200 000 $», lui a dit l'administrateur du régime. À peine de quoi obtenir une rente de 10 000 $ par année.

«Elle venait de renoncer à une pension alimentaire. Elle a été obligée de recontacter son avocate, de retourner en cour pour en réclamer une à son ex-mari», raconte Carolyn Martel, actuaire associée. «Des cas comme ça, j'en vois tous les mois dans mon bureau, dit-elle. C'est typique.»

Au Québec, un mariage sur deux se termine en divorce. Chaque année, plus de 15 000 couples se séparent. Une étape douloureuse sur le plan émotif... et financier.

Pressés d'en finir, bien des couples escamotent des éléments importants. Mal informés, ils prennent des décisions financières qui peuvent leur coûter des centaines de milliers dollars.

Paradoxalement, les problèmes se situent souvent dans les dossiers des couples qui s'entendent bien et qui choisissent de faire leurs papiers eux-mêmes, constate Sylvie Schirm, avocate spécialisée en droit de la famille. «Les gens pensent que c'est simple. Mais ils oublient des droits... et ils reviennent nous voir plus tard», raconte-t-elle.

D'autres couples traînent les pieds, surtout ceux qui n'ont pas d'enfant et peu de biens en commun. Ils font les démarches pour divorcer plusieurs années après leur séparation.

Pendant ce temps, le patrimoine continue de croître, les régimes de retraite continuent de s'accumuler. «Et la loi prévoit que la date de partage du patrimoine est la date de prise des procédures. On peut revenir en arrière. Mais c'est compliqué», indique Mme Schirm.

«Si vous pensez que vous n'avez rien et que ce n'est pas compliqué... faites donc les papiers, ce sera réglé!», conseille-t-elle.

Une fortune

Certains avocats annoncent des divorces «à l'amiable» pour 559 $, ou 399 $ pour un divorce «en ligne».

Mais quand le couple ne s'entend pas, le divorce peut aussi coûter une fortune. «Un mauvais divorce peut coûter 100 000 $ en honoraire d'avocats», avance Guylaine Lafleur, notaire et planificatrice financière chez Bachand Lafleur Preston Groupe conseil, experte des questions financières en matière matrimoniale.

Prenons un couple nanti composé de deux professionnels qui ont un patrimoine partageable de 1,5 million de dollars: une maison de 750 000 $ et deux régimes de retraite bien garnis.

Le compteur tourne vite si les conjoints se déchirent durant un an et demi, et paient chacun de leur côté des avocats qui facturent 250 $/l'heure... ou même 400 $ dans les grands bureaux.

Autant tirer les choses au clair le plus vite possible.