Pendant que les centres de ski du Québec sont de moins en moins rentables, le groupe Mont Saint-Sauveur International lance un vaste chantier pour réorganiser ses installations. L'entreprise, qui exploite six stations, a annoncé hier la première phase de travaux qui pourraient totaliser jusqu'à 30 millions en 10 ans.

Les baigneurs se prélassent dans la piscine au pied de la montagne, les gamins glissent dans les tripes, le soleil brille. Les dirigeants de la station portent des bermudas, mais ils pensent déjà à l'hiver. Ils ont annoncé hier un chantier 3 millions qui vise à agrandir et à rénover le chalet de base de leur station phare, le mont Saint-Sauveur. On y installera également des portières automatisées pour faciliter l'accès aux remonte-pentes et réduire la fraude.

S'il n'en tient qu'à Louis Philippe Hébert, président et chef de l'exploitation de Mont Saint-Sauveur International, cette première phase ne sera qu'un début. Il souhaite investir jusqu'à 30 millions pour améliorer les infrastructures des différentes stations de l'entreprise d'ici 7 à 10 ans.

Les deux tiers de cette enveloppe seront consacrés au mont Saint-Sauveur.

«On veut améliorer l'expérience, faire en sorte que les gens disent «c'est le fun, je veux y retourner», résume M. Hébert. On veut aussi montrer aux néophytes à prendre plaisir aux sports de glisse.»

Ces investissements ambitieux visent à rendre le ski plus convivial pour les familles, indique l'homme d'affaires. Il souhaite que les clients qui débarquent avec leurs enfants puissent se garer, trimballer leur équipement, acheter leurs billets et se rendre au sommet de la montagne sans perdre le sourire. Il compte aussi sur ce lifting pour reconquérir les anciens skieurs, une clientèle qui s'est beaucoup raffinée au fil des ans.

«Les gens s'attendent à avoir le même produit, le même service qu'ils auraient dans un restaurant en banlieue de Montréal, résume M. Hébert. C'est ce qu'il faut leur donner.»

Le bistro-bar sera entièrement rénové. Il présentera un menu santé, épuré des OGM, du sel et des soupes fabriquées à base de poudre. La poutine restera quand même au menu, précise-t-on.

À terme, la direction souhaite réaménager la base de la montagne, notamment pour regrouper les casiers, le service à la clientèle et la billetterie dans un même chalet. Elle rêve même de relier la base des monts Saint-Sauveur et Avila avec un monorail.

Stations à vendre

La fréquentation s'est révélée plutôt stable au cours des dernières années, mais l'industrie du ski connaît des moments difficiles. Plusieurs stations ont vu leurs profits fondre comme neige au soleil en raison de la hausse de leurs frais d'exploitation, notamment les salaires et le carburant.

Plusieurs stations ont d'ailleurs été mises en vente au cours des dernières années, les plus connues étant Orford et Sutton, en Estrie. Or, les preneurs sont sont avérés rares, car l'industrie est risquée, explique Claude Péloquin, président de l'Association des stations de ski du Québec.

Mont Saint-Sauveur International s'est départi de la station Jay Peak en 2008 et n'a pas acquis une station depuis plus de 10 ans. Louis Philippe Hébert estime que de «très bonnes occasions» pourraient s'offrir à son entreprise, mais il est loin d'être pressé.

«On est toujours ouverts à étudier des projets, résume-t-il. On en a regardé certains, mais la priorité est surtout de développer ce qu'on a.»