Autre mauvaise nouvelle pour l'administration Obama, déjà aux prises avec des négociations difficiles sur le plafond de la dette : le nombre de chômeurs augmente.

Le taux de chômage est passé de 9,1% à 9,2% en juin aux États-Unis, où seulement 18 000 nouveaux emplois ont été créés, alors que les économistes en attendaient 85 000. Durant la même période, le Canada a créé plus d'emplois (28 000) que son voisin du Sud, dont la population est pourtant neuf fois plus importante.

Comme les États-Unis, le Québec a aussi vu son taux de chômage augmenter en juin, de 7,3% à 7,9%. Cette hausse mensuelle de 0,6% du taux de chômage québécois, qui se traduit en une perte de 15 500 emplois, n'inquiète toutefois pas les économistes. « C'est un mauvais mois, mais nous ne sommes pas dans une tendance baissière », dit Stéfane Marion, économiste en chef de la Banque Nationale.

Aux États-Unis, par contre, l'inquiétude se fait sentir. Le président Barack Obama, qui a promis de ramener le chômage à moins de 8%, a avoué qu'il y avait « encore beaucoup de chemin à faire » lors d'un discours hier à la Maison Blanche. Les États-Unis doivent créer 150 000 nouveaux emplois par mois seulement pour soutenir la croissance de leur population.

Le président Obama blâme notamment les négociations difficiles avec le Congrès sur la hausse du plafond de la dette pour la hausse du chômage. « Le plus vite nous aurons un accord, le plus vite les marchés seront rassurés, le plus vite les entreprises seront incitées à faire de nouvelles embauches », a-t-il dit. Les principaux indices boursiers américains ont tous clôturé la séance d'hier en baisse, le Dow Jones de -0,49%, le S&P 500 de -0,70% et le NASDAQ de -0,45%. Au Canada, l'indice de la Bourse de Toronto a perdu 0,26% malgré le maintien du taux de chômage à 7,4%.

« Les Américains se demandent où sont les emplois? » réplique le leader républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, qui négocie actuellement des coupures budgétaires avec l'administration Obama afin de hausser le plafond légal de la dette américaine. Une perspective qui n'enchante guère l'économiste québécois Francis Généreux. « L'économie américaine ne tourne pas vite. Ce n'est pas le temps de faire des coupures à court terme », dit l'économiste du Mouvement Desjardins.

Un mois difficile au Québec

Le Québec a connu le pire mois de juin en matière d'emploi parmi les provinces canadiennes, perdant 15 500 emplois, dont 9900 à temps plein.

Le gouvernement Charest ne s'inquiète pas du chômage à la hausse du Québec au cours du dernier mois. « C'est un mauvais mois, mais les données de l'emploi varient de mois en mois. Le Québec a créé 11 600 emplois depuis le début de l'année et nous sommes en pleine ascension », dit Nicolas Murgia, attaché de presse de la ministre de l'Emploi Julie Boulet.

Les économistes exhortent le gouvernement Charest à ne pas paniquer. « C'est un retour à une situation plus normale », dit Stéfane Marion, économiste en chef de la Banque Nationale. « Après plusieurs bons mois, c'est un retour du balancier. On doit être vigilant, mais il n'y a pas lieu de s'inquiéter », dit Joëlle Noreau, économiste au Mouvement Desjardins.

Le secteur le plus durement touché de l'économie québécoise? L'hébergement et la restauration, qui a perdu 18 300 emplois le mois dernier (-6,8%). Certains économistes expliquent cette baisse notamment par l'effet « Grand Prix de Formule 1 ». « Certains établissements ont engagé des gens en mai en prévision du Grand Prix et ces pertes d'emploi se reflètent dans les statistiques de juin », dit Stéfane Marion. Les caprices de Dame Nature n'ont aussi pas aidé les hôteliers. « On a eu un printemps super moche et le dollar canadien est fort : ce ne sont pas des conditions formidables pour le secteur touristique », dit Joëlle Noreau, économiste au Mouvement Desjardins.

Au Québec, le secteur du commerce de détail a perdu 12 000 emplois (-1,8%) en juin, contre des pertes de 11 800 emplois dans l'administration publique (-4,9%).

L'Ontario a connu la meilleure performance au pays en matière de création d'emploi. Le taux de chômage y a diminué de 0,2 point de pourcentage pour se fixer à 7,7%.