Les chiffres officiels de l'emploi américain pourraient témoigner vendredi d'une baisse marquée des embauches aux États-Unis en mai et du maintien d'un chômage élevé, conséquences du ralentissement de la croissance économique du pays.

Le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail attendu pour 12H30 GMT risque de venir compléter la série de mauvais indicateurs économiques publiés depuis environ un mois.

En effet, selon l'enquête mensuelle du cabinet de conseil en ressources humaines ADP, les embauches nettes du secteur privé ont chuté de 79% par rapport à avril pour ne concerner que 38 000 emplois.

Très décevant au regard des attentes des analystes (qui misaient sur 170 000 créations de poste), le résultat de l'enquête ADP augure mal des chiffres de vendredi dans la mesure où le secteur public a supprimé des postes sans interruption au cours des six mois précédents.

Avant la publication de cette étude, les analystes estimaient, selon leur prévision médiane, que les chiffres du ministère feraient apparaître 185 000 embauches nettes dans le pays en mai, soit 24% de moins qu'en avril, et un taux de chômage stable à 9,0%.

Plusieurs analystes ont néanmoins indiqué avoir revu à la baisse leur pronostic ou annoncé qu'ils allaient le faire, à la lumière du chiffre d'ADP.

Pour les analystes de RDQ Economics, la prévision médiane pour vendredi devrait être «ramenée aux alentours de 100 000» embauches, ce qui serait le rythme de créations d'emploi le plus lent depuis janvier.

Les chiffres officiels d'avril avaient créé la surprise en révélant un hiatus entre des embauches particulièrement toniques et une remontée du taux de chômage de 0,2 point.

Les économistes avaient alors estimé dans l'ensemble que cette anomalie donnerait nécessairement lieu à un ajustement dans un sens ou dans l'autre dans les mois suivants.

Pour ADP, le ralentissement des embauches «n'est pas totalement surprenant».

Le cabinet note que la croissance économique a considérablement ralenti, à 1,8% au premier trimestre, et qu'elle n'a été «que de 2,25% environ sur l'ensemble des quatre derniers trimestres», ce qui ne devrait correspondre qu'à une «progression très faible de l'emploi».

A posteriori, ce sont presque la vigueur des embauches du début de l'année et la chute du chômage - qui était encore de 9,8% en novembre - qui devraient paraître surprenantes.

En effet, depuis le début du mois de mai se multiplient les indicateurs semblant prouver que le ralentissement du premier trimestre se poursuit au deuxième, et que l'accélération espérée de la reprise ne devrait avoir lieu au mieux qu'à partir de l'été.

«Le ralentissement du marché de l'emploi s'ajoute au flux des mauvaises nouvelles récentes et laisse penser que l'économie américaine est en train de faiblir», note Thomas Julien, analyste de la banque française Natixis.

Quelques rares analystes, comme Nicholas Tenev, de Barclays Capital, rappellent néanmoins qu'ADP n'est pas toujours un bon indicateur de l'évolution des chiffres officiels et que ceux-ci devraient certes témoigner d'un ralentissement des embauches, mais beaucoup moins fort que l'étude de mercredi ne le laisse présager.