Le ralentissement de la consommation américaine pèse lourd sur le commerce international canadien.





Notre balance commerciale s'est enfoncée dans le rouge pour le troisième mois d'affilée en juillet pour atteindre la somme record de 2,7 milliards de dollars, ce qui a surpris la plupart des experts. L'abysse précédent de 1,8 milliard avait été enregistré en juin, indiquait hier Statistique Canada.



Mis à part les biens industriels, les exportations ont reculé dans la plupart des secteurs, le déficit des produits de l'automobile ayant même atteint 1 milliard.

Cela reflète un moindre engouement des Américains pour les produits canadiens. En fait, nos exportations au sud de la frontière ont diminué de plus d'un demi-milliard, tandis que nos achats de marchandises américaines ont augmenté de plus de 600 millions. Au final, le surplus commercial de nos échanges avec les États-Unis a fondu de moitié et ne s'élève plus qu'à un peu moins de 1,2 milliard. «C'est le plus faible en 18 ans, fait remarquer Krishen Rangasamy, économiste chez CIBC. La demande américaine n'est vraiment plus ce qu'elle était.»

Notre déficit récurrent avec l'Union européenne a diminué de 300 millions en raison de livraisons exceptionnelles d'or non monétaire au Royaume-Uni. Celui avec les autres pays du monde (hormis le Japon) s'est accru à cause surtout de plus grandes importations de pétrole.

Seul élément peut-être lumineux dans cette grisaille commerciale, la poussée de 2% de la valeur des importations contient une bonne part de machines et équipement, signe que les entreprises continuent d'investir. Cette catégorie est à la hausse pour le sixième mois d'affilée.

Exprimées en volume plutôt qu'en valeur, les exportations ont stagné, tandis que les importations ont continué d'augmenter.

«La profonde détérioration du commerce canadien ces derniers mois est la pièce à conviction numéro un de la manière dont le ralentissement américain nous frappe», résume Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux.

Il fait ressortir aussi que les croissances canadienne et américaine faiblissent toutes deux, mais pour des raisons opposées.

Chez nous, la demande intérieure pousse l'expansion, tandis que le commerce extérieur la freine. Aux États-Unis, la demande intérieure faiblit, mais le déficit commercial se résorbe.

Chez nos voisins, le déficit est passé de 49,8 à 42,8 milliards, de juin à juillet, en raison d'un recul de 2% des importations jumelé à une avancée de 1,8% des ventes à l'étranger.

À hauteur de 158,3 milliards, elles ont rejoint leur niveau d'août 2008, selon les données du département du Commerce.

Cette situation renverse complètement la situation du mois précédent. Elle ne peut encore signaler un renversement de tendances. La poussée des exportations est avant tout attribuable à un bond des ventes d'aéronefs, segment industriel très volatile.

Néanmoins, le commerce extérieur avait freiné considérablement la croissance au deuxième trimestre qui a été limitée à 1,6%. Les chiffres de juillet sont de meilleur augure pour le troisième. «L'amélioration de la balance commerciale en juillet met un peu de baume après trois mois successifs de dégradation», estime Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

On ne peut en dire autant pour ce côté-ci de la frontière. Et la situation ira s'empirant, si la demande intérieure américaine continue de s'affaiblir ou stagne dans le meilleur des cas.

Dans ces circonstances, la poursuite des investissements des entreprises revêt une haute importance pour accroître la productivité et la compétitivité des entreprises canadiennes, à terme, sur les marchés extérieurs. «En juillet, les quantités importées de machinerie et d'équipement ont monté à un taux annuel de 21%, note Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale. Cela renforce les commentaires de la Banque du Canada dans son communiqué de mardi sur la politique monétaire.»