Si on veut faire fonctionner l'industrie des biotechnologies au Québec, il faut absolument faire monter les grandes pharmaceutiques dans le bateau. C'est le message que lancent à la fois les gens de l'industrie... et ceux qui y risquent de l'argent dans l'espoir de le faire fructifier.

Tant Yves Rosconi, de Bioquébec, que Jacques Bernier, de Teralys, croient en effet qu'une condition essentielle de la relance du secteur se trouve dans les filiales canadiennes des Merck, Pfizer et autres Bristol-Myers Squibb de ce monde.

«En bout de ligne, si tu regardes juste l'angle du capital-risque, tu es mort», dit Jacques Bernier, qui croit que les fonds de capital-risque finiront par devenir moins frileux s'ils sentent que tous les intervenants de la longue chaîne de financement des entreprises de biotechnologie font aussi leur part.

«Il faut regarder tout l'écosystème. Et le gros joueur là-dedans, c'est le pharma», dit M. Bernier.

Pour Yves Rosconi, le mariage est logique. Les grandes pharmas ont besoin des médicaments développés par les petites biotechs puisqu'elles ont de plus en plus de difficulté à en découvrir elles-mêmes dans leurs propres labos. Et les petites pharmas ont besoin de l'argent et de l'expertise des grandes pharmas pour développer leurs découvertes et les amener sur le marché.

Comment les mettre ensemble? Yves Rosconi croit que le Québec est un terreau particulièrement fertile pour ce type de croisement. D'abord parce que les filiales des grandes multinationales sont déjà chez nous. Ensuite parce que contrairement aux États-Unis, où une myriade d'assureurs privés achètent des médicaments chacun de leur côté, la province possède un gros acheteur de médicaments qui a un pouvoir sur l'industrie: le gouvernement.

«Le seul qui a le levier, l'allumette pour mettre le feu à cette vision-là, c'est le gouvernement», dit M. Rosconi.

Son idée: que Québec oblige les grandes pharmas à signer des ententes avec les petites biotechs d'ici. En retour, le gouvernement provincial faciliterait l'accès au marché québécois à leurs médicaments.

Reste à voir si cela serait suffisant pour refaire tourner la roue du financement au Québec... et inciter les fonds de capital-risque à aller cogner à la porte de Teralys pour investir dans les entreprises qui crient pour obtenir de l'argent.

L'industrie biopharmaceutique au total

145 entreprises

20 900 employés

Les grandes pharmas au Québec

28 entreprises, dont plusieurs multinationales

9200 employés, soit 47% du total

Source: ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, chiffres de 2008

De petits acteurs

Entreprises de biotechnologies qui a 10 employés ou moins.

2009 = 35%

2010 = 53%

70% des entreprises de biotechnologies qui ont moins de 12 mois de liquidités devant elles.

42% ont moins de 6 mois.

24% ont moins de 3 mois.

Source: Bioquébec