Le premier fabricant au monde d'ordinateurs, l'américain Hewlett-Packard (HP), se retrouve à nouveau au coeur d'un scandale avec la démission de son PDG Mark Hurd pour harcèlement sexuel, après une affaire d'espionnage au sein de son conseil d'administration, entre autres.

«Le PDG Mark Hurd a décidé avec le conseil d'administration de démissionner avec effet immédiat», a indiqué le groupe vendredi.

Une décision prise après «une enquête» interne sur «les faits et circonstances ayant entouré des accusations de harcèlement sexuel contre Hurd et HP», ajoute le communiqué.

Lors d'une conférence téléphonique, le directeur juridique Mike Holston, a expliqué qu'il «y a plusieurs semaines, une ancienne employée d'un sous-traitant d'HP a accusé Mark de l'avoir harcelée sexuellement alors qu'elle travaillait dans le cadre d'activités de marketing» du groupe.

Il a ajouté qu'une enquête avait révélé que M. Hurd avait «une relation personnelle proche avec une employée d'un fournisseur qui avait été embauchée par» ses services, alors qu'il n'avait «jamais rendue publique la nature de cette relation».

L'enquête a révélé de nombreux exemples où cette personne «a reçu des rémunérations ou des remboursements de frais qui n'étaient pas des dépenses liées à une activité légitime» du groupe et M. Hurd a notamment soumis «à plusieurs reprises des demandes de remboursements de frais inexactes qui cherchaient à dissimuler la nature de sa relation avec cette personne», a poursuivi M. Holston.

Le conseil d'administration «a estimé que la conduite de Mark démontrait un profond manque de jugement», a conclu M. Holson.

M. Hurd va être remplacé par la directrice financière Cathie Lesjak, 51 ans, pendant la recherche d'un nouveau PDG.

Mme Lesjak, chez HP depuis 24 ans, ne brigue pas le poste de PDG permanent, et un comité de recherche a été créé à cet effet au sein du conseil d'administration.

Pour tenter de rassurer, le groupe a publié au même moment des résultats préliminaires pour son troisième trimestre décalé, alors que les résultats définitifs sont attendus le 19 août.

Le groupe a publié un bénéfice par action de 1,08 dollar hors élément exceptionnel, un cent meilleur qu'attendu, et un chiffre d'affaires en hausse de 11% à 30,7 milliards de dollars, également meilleur que prévu, tout en relevant ses prévisions pour l'année 2010.

Mme Lesjak a affirmé pendant une conférence téléphonique qu'elle n'avait jamais été plus «confiante» dans le groupe qui est selon elle «extrêmement bien positionné face à ses concurrents».

La stratégie de HP, qui emploie 300 000 personnes, «va continuer», a-t-elle promis, affirmant que même si «Mark était un bon leader, c'est l'organisation qui le soutient» qui prenait les initiatives.

L'action n'en chutait pas moins de 9,71% à 41,60 dollars lors des échanges électroniques hors séance, ébranlée par cette démission surprise.

HP se voit une nouvelle fois rattrapé par les scandales alors que Mark Hurd lui-même était devenu PDG en remplacement de Patricia Dunn, poussée à la démission par un scandale d'espionnage au sein du conseil d'administration.

Mme Dunn avait quitté ses fonctions en janvier 2007, remplacée par le DG Mark Hurd, qui était ainsi devenu par la même occasion président du CA.

Elle avait été reconnue coupable d'avoir fait appel à des détectives privés en 2005, qui utilisaient de fausses identités pour obtenir des relevés téléphoniques des conversations de membres du conseil et de journalistes.

Plus récemment, au mois d'avril, HP s'est retrouvé visé par une enquête pour corruption des autorités allemandes et russes.