Au terme d'une fin de semaine tumultueuse, le calme était revenu au sein des leaders du G20, tout comme dans les rues de Toronto, dimanche. À l'issue du Sommet du G20, les leaders des pays les plus développés ont convenu d'un plan pour réduire leurs déficits et assurer la survie de la fragile stabilité économique.

Reste cependant à voir si l'ambitueux engagement mis de l'avant par le Groupe des vingt pourra être mis en oeuvre sans mettre en péril l'économie, qui se remet à peine de la crise financière qui a secoué la planète. Et si les pays signataires s'y conformeront.

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Car en point de presse à la sortie du sommet, le président français, Nicolas Sarkozy, a d'entrée de jeu fait valoir que les cibles établies dans le communiqué final, qui a pourtant été approuvé par le groupe, n'étaient pas un engagement fixe du G20.

Les chefs d'État du G20 ont accepté d'endosser les objectifs préconisés par le premier ministre canadien, Stephen Harper, qui souhaitait convaincre ses homologues étrangers d'adopter des cibles sévères pour réduire leurs déficits et leurs dettes.

Les dirigeants se sont donc entendus pour que les économies avancées adoptent des plans qui réduiront leurs dettes d'au moins la moitié, d'ici 2013, et qui réduiront ou stabiliseront leur niveau d'endettement d'ici 2016.

Seul le Japon, qui s'y opposait depuis le début et qui compte son propre plan d'assainissement des finances publiques, est exclu en raison des «circonstances uniques» que vit le pays, détaille le texte.

Le communiqué précise en outre que les cibles sont minimales et que les pays devraient s'engager à réduire leurs déficits plus rapidement si leur situation économique nationale le leur permet.

Les dirigeants du G20 s'entendent toutefois sur le fait que chacun ne s'est pas remis à hauteur égale de la crise financière. Les mesures dont ils ont convenu seront ainsi implantées «au niveau national et modulées en fonction des circonstances propres à chaque pays».

Voilà donc peut-être l'échappatoire soulevé par le président français, au moment même où le premier ministre canadien se réjouissait du bilan du sommet qu'il a accueilli au pays.

«Moi, ce que j'ai compris, c'est que c'est un engagement pris par chacun des membres, mais ce n'est pas une instruction du G20», a argué M. Sarkozy, en soulignant que le mot «cible» n'était pas écrit dans le communiqué et qu'il ne s'agit que d'un «engagement de conduire un plan de soutenabilité».

Or, Stephen Harper lui a répliqué que si les pays de l'Union européenne avaient déjà pris des engagements, il serait essentiel de s'assurer de permettre la relance.

«Toutes les ententes ici sont volontaires, dans le sens que nous sommes des pays souverains. Mais nous avons pris des engagements et le monde attend notre performance», a martelé le premier ministre canadien, qui s'est malgré tout dit confiant que les promesses soient respectées.

La question de la réduction de dettes n'était toujours pas réglée, au début de la dernière journée de la rencontre internationale, dimanche. Mais le leader canadien a négocié jusqu'à la toute dernière minute, afin de s'assurer que le plan qui serait accepté par les chefs d'État soit le plus strict possible.

L'atmosphère était donc tendu à l'intérieur comme à l'extérieur du centre des congrès où étaient réunis les leaders mondiaux, au centre-ville de Toronto.

Mais comme pour les pourparlers des chefs d'État, la situation s'était calmée, dimanche, et les débordements violents vécus la veille dans la ville reine ne se sont pas répétés le lendemain. Si, samedi, des groupes de quelques centaines de manifestants ont fait des ravages, ce qui a donné suite à quelque 500 arrestations, les rues de Toronto étaient plus calmes au dernier jour de la rencontre internationale.

L'objectif du Sommet du G20, qui devait permettre d'élaborer une stratégie commune afin de stabiliser l'économie mondiale, semble donc avoir été atteint.

Et si la tâche s'annonçait ardue, au début du Sommet du G20, le premier ministre Harper semblait satisfait au moment d'annoncer les conclusions du week-end.

«Le G20 a encore beaucoup à faire pour implanter pleinement la reprise mondiale, mais ceci représente d'importants pas en avant. Et comme vous le savez, ce sont des pas que le Canada tentait d'atteindre», a fait valoir M. Harper, en conférence de presse finale.

Le premier ministre a peut-être profité en partie du coup de main qu'il a reçu de la part du Fonds monétaire international (FMI), auquel le G20 avait demandé un rapport indépendant pour l'aider à trouver une façon d'assurer la survie de la reprise économique.

Le FMI a affirmé lui aussi, tout comme le premier ministre Harper et d'autres leaders du G20, que les pays riches devaient mettre les restrictions budgétaires au premier rang de leurs priorités.

Pour assurer un retour soutenu de la croissance mondiale, le G20 s'est d'autre part entendu pour renforcer les filets de sécurité sociale et pour accroître la flexibilité du taux de change dans certains marchés émergents, une référence à peine voilée à la Chine, qui a récemment accepté d'agir de la sorte. Les pays ont également convenus de lutter contre le protectionnisme en maintenant leurs marchés ouverts.

Ces principes seront mis en place à l'échelle nationale ou au sein de l'Union européenne et chacun identifiera des mesures supplémentaires à adopter, si nécessaire.

Un plan d'ensemble qui servira de base à celui qui devra être annoncé au prochain sommet qui se tiendra dans la capitale sud-coréenne Séoul, en novembre.

Quant à la taxe bancaire internationale, comme prévu, l'idée n'ira pas de l'avant.

M. Harper a là aussi aussi gagné sa bataille, puisque les pays seront libres de faire comme bon leur semble, mais la mesure ne sera pas implantée à l'échelle mondiale. L'Europe et les États-Unis sont d'ardents défenseurs de la taxe bancaire, et la France et le Royaume-Uni, entre autres, ont déjà indiqué qu'ils iraient de l'avant peu importe l'issue des négociations.

Le Canada lui s'y oppose farouchement, car ses banques se sont bien tirées de la récession mondiale, contrairement aux banques à l'étranger. Et le gouvernement fédéral refuse d'imposer davantage ses contribuables, qui écoperaient des frais d'une telle taxe selon lui.

Un principe partagé par les pays du G20, qui conviennent dans leur communiqué que «le secteur financier devrait faire une contribution juste et substantielle pour payer pour le fardeau associé aux interventions des gouvernements (...) sans que les contribuables accusent le fardeau».