Une de plus qui mord la poussière. Haemacure (T.HAE), petite entreprise montréalaise qui planche depuis près de 20 ans sur une colle pour les tissus humains, a annoncé hier que tous ses actifs prendront le chemin de la Colombie-Britannique.

Après avoir cherché des fonds sans succès, vu son titre être radié du TSX en janvier dernier et entamé un processus de faillite, ce qu'il reste d'Haemacure sera vendu à Angiotech Pharmaceuticals [[|ticker sym='T.ANP'|]], de Vancouver, qui comptait parmi ses créanciers.«L'argent, c'est le nerf de la guerre. J'aurais aimé vous arriver avec une pensée plus philosophique, mais c'est ça: quand il n'y a plus de gaz dans le réservoir, on ne peut plus avancer», a lancé Gilles Lemieux, secrétaire corporatif d'Haemacure, en entrevue à La Presse Affaires.

Selon M. Lemieux, Haemacure aurait eu besoin de 35 millions de dollars et de trois ans de travail pour que son produit-vedette, une colle extraite du plasma humain destinée à arrêter les saignements pendant les chirurgies, soit approuvé par les autorités.

Mais c'est Angiotech qui mettra la main sur l'usine de Floride et la propriété intellectuelle regroupée à Montréal d'Haemacure. La Cour supérieure du Québec a autorisé la vente des actifs québécois hier; les autorités américaines avaient déjà approuvé la vente de la filiale américaine.

L'entreprise, qui a déjà compté près d'une cinquantaine d'employés, n'employait plus que cinq travailleurs à Montréal et trois en Floride.

En affaires depuis 1991, Haemacure avait réussi à tester sa colle sur des patients lors d'études de phases I et II. Mais l'étude de phase III, la dernière étape avant la commercialisation, n'a jamais pu être terminée.

L'étude a d'abord été interrompue parce que, selon Gilles Lemieux, les chirurgiens censés tester la colle ne l'utilisaient pas de la bonne façon. Puis tombe une nouvelle tuile: l'usine de la Croix-Rouge suisse qui fabriquait le produit d'Haemacure est vendue à des Australiens... qui la ferment.

Or, si Haemure veut un jour vendre sa colle, les autorités exigent que celle-ci soit fabriquée dans la même usine que celle servant aux tests. Bref, il faut tout recommencer.

En 2007 et 2008, Haemacure parvient à recueillir quelque 20 millions et se construit une usine en Floride. Mais, au moment de trouver de l'argent pour lancer une nouvelle étude de phase III, c'est la panne sèche: la crise financière a fait fuir les investisseurs.

Angiotech, qui avait prêté 2,5 millions US à Haemacure lors d'un partenariat signé en juin dernier, a fini par reprendre naturellement les actifs. Le titre d'Angiotech a clôturé à 1,17$ hier à la Bourse de Toronto, sans changement par rapport à vendredi.