Les entreprises productrices de jeux vidéo se font secouer en Bourse. Les investisseurs sont de plus en plus inquiets des revenus de l'industrie, qui sont plus affectés que prévu par la récession.

Aussi, des analystes avertissent de la nécessité croissante pour les grands producteurs de réduire leurs coûts et leurs effectifs afin d'endiguer la dégradation de leurs résultats.

Hier, pour la deuxième fois en quelques jours, l'annonce de résultats préliminaires inférieurs aux attentes par une importante entreprise des jeux vidéo - l'américaine Electronic Arts - a provoqué un repli de plus de 5% des actions de plusieurs autres firmes, comme la française Ubisoft et l'américaine THQ.

Ces entreprises, faut-il rappeler, ont des activités de production à Montréal qui regroupent plusieurs centaines d'employés. Ou elles sont en voie d'implantation comme THQ, d'origine californienne, ou Funcom, d'origine norvégienne.

Jeudi dernier, le plus important détaillant de jeux vidéo au monde, l'américain GameStop, avait basculé de 15% en Bourse et provoqué un gros frisson dans tout le secteur.

GameStop a annoncé un recul inattendu de 8% de ses ventes au cours des dernières semaines, accompagné d'une baisse des objectifs de prochains résultats.

Quant au développeur de jeux Electronic Arts, qui compte 700 employés à Montréal, il a annoncé lundi soir que ses prochains résultats trimestriels seraient inférieurs aux objectifs.

La raison principale: des ventes décevantes lors de la récente et cruciale saison de Noël.

Electronic Arts (EA) a aussi réduit ses cibles de résultats pour son exercice courant, qui se terminera en mi-année 2010.

Du coup, les analystes ont multiplié les avis à leurs clients-investisseurs envers les prochains résultats des entreprises dans tout le secteur des jeux vidéo. Et ce, à moins de mesures importantes de compression des coûts.

«Les gros développeurs de jeux vidéo n'ont plus la croissance des ventes pour soutenir leurs coûts croissants de développement. Il faut s'attendre à plus de pression sur leur marge bénéficiaire, à d'autres réductions d'effectifs et de nombre de projets», indique Andrey Glukhov, analyste des loisirs électroniques chez la firme Brean Murray Carret à Dallas, dans son plus récent bulletin Global Gaming, distribué hier.

Dans le cas d'EA, l'entreprise a déjà retranché 2500 postes à ses divers studios aux États-Unis et au Canada, en particulier à Vancouver.

Aux bureaux d'EA à Montréal, hier, on affirmait que l'effectif demeurait intouché autour de 700 personnes. Mais on s'est refusé à tout autre commentaire en invoquant le «silence corporatif» avant l'annonce officielle des prochains résultats trimestriels, en février.

Selon l'analyste Michael Pachter, spécialiste des loisirs audiovisuels chez Wedbush Morgan Securities à Los Angeles, «les investisseurs perdent patience avec Electronic Arts».

«L'entreprise a de bons actifs (de jeux), mais elle continue de dépenser trop pour les développer et les mettre en marché», a indiqué l'analyste hier, après une téléconférence avec la haute direction d'EA

Par ailleurs, les autres résultats à surveiller en février dans le milieu des jeux vidéo à Montréal seront ceux de l'entreprise française Ubisoft, qui regroupe près de 2000 employés et collaborateurs.

Mais déjà, des analystes s'attendent à des résultats de fin d'année 2009 mitigés comparés aux attentes. Il faut dire que ces attentes sont élevées après les récents résultats très dégradés d'Ubisoft, avec une perte nette gonflée à des dizaines de millions d'euros.

Selon le répertoire VCharts cité par l'agence Bloomberg, l'un des récents titres vedettes d'Ubisoft, le jeu Avatar inspiré du film à succès du même nom, serait encore bien en deçà de l'objectif de ventes de quatre millions d'exemplaires.

En contrepartie, l'autre titre-vedette d'Ubisoft sorti de ses studios montréalais juste avant la saison de Noël, le jeu Assassin's Creed 2 (AC 2), serait en bonne voie d'atteindre son objectif de sept millions d'exemplaires vendus.

Selon le répertoire VCharts, les ventes d'AC 2 avaient surpassé le seuil des cinq millions d'exemplaires à la fin de décembre.