Le torchon brûle entre la firme informatique CGI (T.GIB.A) et l'entreprise Aveos, qui entretient les avions d'Air Canada. Vendredi, Aveos a répliqué à l'offensive juridique de CGI par une contre-poursuite de 45,6 millions de dollars.

Aveos a signé avec CGI un contrat d'impartition informatique, en 2006. Il était question de l'implantation d'un système SAP et de services d'entretien de l'infrastructure et des logiciels du réseau. En novembre 2006, l'implantation de SAP devait se terminer 20 mois plus tard et coûter 18,8 millions. Or, Aveos se plaint aujourd'hui d'avoir dépensé 45 millions et de n'être toujours pas en mesure d'utiliser le réseau SAP.

Aveos n'est pas une PME. L'entreprise d'entretien d'avions de Montréal compte 4500 employés au Canada et au Salvador. Parmi sa centaine de clients, on retrouve Air Canada, avec qui elle a prolongé son contrat jusqu'en 2018, en début d'année. Aveos s'appelait auparavant ACTS.

Selon la requête d'Aveos, le contrat entre les parties a été amendé en juillet 2007, avec un budget en hausse de 15%. Un an plus tard, nouvelle hausse des coûts de 44%. Déjà, en février 2008, Aveos se plaignait à CGI du non-respect du budget et des délais, de la mauvaise qualité des services et du manque de personnel qualifié de CGI, indique la requête.

Au début de 2009, Aveos est revenue à la charge, jugeant inadéquat le travail de CGI. Dans une lettre à CGI, Aveos s'est alors plainte de l'incapacité de la firme à trouver des employés qualifiés pour l'environnement SAP. Entre autres, Aveos estime que le directeur du projet n'avait pas les compétences requises. À cet égard, CGI a d'ailleurs dû remplacer le directeur du projet à quatre reprises, selon la requête.

À ce jour, Aveos estime avoir déboursé 30 millions pour l'implantation du projet SAP, auxquels s'ajoutent 15,6 millions pour des consultants externes et les droits d'utilisation des logiciels, pour un total de 45,6 millions.

Le litige entre les deux parties est devenu public en juin lorsque CGI avait elle-même intenté une poursuite contre Aveos. La firme informatique se plaignait alors d'un défaut de paiement d'Aveos de 12 millions. En réplique, Aveos affirme aujourd'hui dans sa requête qu'elle est bien consciente d'avoir omis de faire des versements, mais que ces omissions sont justifiées «par les dommages qu'elle a subis en raison de l'incapacité de CGI de respecter ses obligations».

Quoi qu'il en soit, cette affaire ne se réglera peut-être pas dans un tribunal. Vendredi dernier, les parties se sont présentées devant la juge Sylviane Borenstein au sujet d'une demande de CGI de poursuivre les débats devant un arbitre, tel que prévu au contrat entre les parties.

Certes, Aveos a fait valoir que, à la suite de sa contre-poursuite de 45,6 millions, déposé le matin même, le litige était devenu trop complexe pour un arbitre. Mais la juge Borenstein en a jugé autrement et a renvoyé les parties devant l'arbitre Max Mendelsohn. L'arbitrage portera sur l'annulation pure et simple du contrat.

Joint au téléphone, le porte-parole de CGI, Lorne Gorber, s'est fait peu loquace. «Comme la cause est devant les tribunaux, nous ne pouvons pas commenter. Mais historiquement, CGI a fait ses preuves quant à la satisfaction de ses clients», a-t-il dit.

Hier, à la Bourse TSX de Toronto, le titre de CGI a terminé la journée à 13,18$, en hausse de 1%. Depuis six mois, le titre de CGI est en hausse d'environ 30%.