La Banque du Canada fonde son scénario de reprise en établissant à 87 cents, en moyenne, la force relative du huard face au billet vert d'ici la fin de 2011. Il s'agit du taux moyen observé depuis avril.

Depuis deux semaines, cependant, le huard carbure à l'EPO. Hier encore, il a gagné plus d'un cent, à 92,04 US. Les cambistes ont spéculé sur le fait que la Banque annonçait la fin de la récession.

La Banque admet pourtant qu'une monnaie beaucoup plus forte que la valeur anticipée dans son scénario donnera plus de fil à retordre aux manufacturiers exportateurs au moment où ils pourront profiter de la reprise américaine, attendue en fin d'année.

Toutefois, elle attribue sa force relative actuelle à l'appréciation des prix des produits de base dont le Canada est grand exportateur et à la faiblesse généralisée du billet vert. «Le scénario de la Banque est parmi les plus optimistes, note Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. Même la poussée fulgurante du dollar canadien est considérée comme un irritant gérable.»

Augmentation des exportations

La Banque croit d'ailleurs que les exportations canadiennes devraient augmenter de 6% à 7% en moyenne en 2010 et 2011, soit beaucoup plus vite que la croissance anticipée de l'économie américaine. Elle la voit à 1,4% l'an prochain et à 3,4% en 2011.

Cela tient au fait que nos livraisons sont concentrées dans des secteurs particuliers, plus sujets aux variations cycliques. Ainsi, nos fabricants de véhicules et de pièces d'autos et nos manufacturiers de matériaux de construction ont été plus touchés respectivement par la restructuration et la crise de leur secteur.

La demande refoulée qui s'est créée devra bientôt être comblée. C'est déjà commencé sur le marché de la revente domiciliaire avec une troisième augmentation mensuelle d'affilée en juin. Les mises en chantier reprennent aussi tout doucement. La sortie de faillite de Chrysler et de GM et l'assouplissement progressif des conditions de crédit (plus lent aux États-Unis qu'au Canada) vont permettre la relance des ventes de véhicules prochainement.

Tout cela pour le plus grand bien des exportateurs canadiens... dans la mesure où le huard ne vienne pas tout gâcher.

Sur une croissance projetée de 3,0% l'an prochain, la Banque croit que les exportations apporteront une contribution de deux points. En avril, elle misait plutôt sur 1,6 point de pourcentage (voir le tableau).

La vitalité de la demande intérieure viendra cependant annuler cet apport, puisque l'augmentation des importations sera plus forte encore.

Il s'agit néanmoins d'un revirement nettement positif. Pour l'année en cours, les exportations nettes (exportations moins importations) contribuent à la croissance par un jeu arithmétique qui n'a rien de stimulant. Les importations diminuent plus vite encore que les exportations qui retranchent pourtant 5,3 points de pourcentage à la croissance. Cela illustre bien l'effondrement des échanges commerciaux depuis l'automne dernier. En 2009, l'économie canadienne va reculer de 2,3%.

L'an prochain, le commerce international va se redresser et il contribuera même à l'expansion de l'économie en 2011 quand la croissance des exportations sera plus rapide que celle des importations.

Entre-temps, la progression de l'économie sera assurée par la demande intérieure et par la reconstitution des stocks.