L'excédent commercial du Canada a quadruplé pour atteindre 1,1 milliard de dollars au mois de mars. Il était de 262 millions au mois de février.

Ce n'est pas une bonne nouvelle.

Statistique Canada a fait savoir hier que les importations et les exportations de marchandise du Canada avaient diminué en mars. Si l'excédent commercial a augmenté, c'est uniquement parce que les importations ont diminué deux fois plus que les exportations.

«La bonne nouvelle apparente, c'est l'augmentation du solde commercial, a déclaré Benoît Durocher, économiste du Mouvement Desjardins, en entrevue avec La Presse Affaires. Mais ça cache deux mauvaises nouvelles: d'une part, les exportations continuent de diminuer, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour les exportateurs; d'autre part, la forte diminution des importations est symptomatique de profondes difficultés au niveau de la demande intérieure, soit des dépenses de consommation en recul et une forte diminution des investissements résidentiels et non résidentiels.»

Les importations ont baissé de 4,4% au mois de mars pour s'établir à 31,4 milliards, alors que les exportations ont diminué de 1,8% pour se chiffrer à 32,5 milliards.

La diminution des importations et des exportations a touché la plupart des secteurs. Au niveau des importations, ce sont les produits énergétiques qui ont enregistré la baisse la plus importante, soit une diminution de 18,4%. La valeur de ces importations s'est établie à 2,3 milliards, soit le niveau le plus faible depuis octobre 2004. En mars, les importations de pétrole brut ont diminué de 2,1%, alors que les importations d'autres produits énergétiques ont chuté de 33,2%.

Le fléchissement du secteur énergétique au pays a eu des répercussions sur l'importation des biens industriels. En effet, le Canada a importé moins de tiges et de tubes de forage, ce qui a contribué à une baisse de 4,5% des importations de biens industriels.

Du côté des exportations, il faut noter la diminution de 3,3% du côté des produits de l'automobile et de 3,4% du côté des machines et des équipements. Ces deux secteurs sont à l'origine de près des deux tiers de la diminution des exportations en mars.

«Je suis un peu déçu de la baisse des exportations parce qu'on avait plusieurs éléments en place pour avoir une légère croissance, a affirmé M. Durocher. Il y avait une augmentation importante de prix qui aurait dû normalement gonfler la valeur de nos exportations, et il y avait eu une bonne croissance de la production de véhicules. On aurait pu espérer que ces véhicules soient exportés.»

Krishen Rangasamy, de la CIBC, ne prévoit pas une grande amélioration à ce niveau, «compte tenu du rétrécissement du marché de l'auto aux États-Unis».

Benoît Durocher a affirmé que les données de Statistique Canada sur les importations et les exportations venaient conforter Desjardins dans ses prévisions.

«Nous demeurons d'avis que le PIB (produit intérieur brut) réel subira le recul le plus important de son histoire au premier trimestre de 2009, soit une réduction d'environ 7%», a-t-il affirmé.

Desjardins croit que le PIB continuera à diminuer au deuxième, au troisième, et peut-être même au quatrième trimestre, mais à un rythme moins rapide.