Il semble bien qu'un certain vent d'optimisme caresse le moral des investisseurs, aux États-Unis du moins, tout comme les douceurs du printemps réaniment le nôtre.

L'annonce que la contraction de la première économie du monde avait atteint 6,3% au dernier trimestre de 2008, plutôt que les 6,2% annoncés auparavant, a été bien reçue, comme en fait foi la poussée des grands indices boursiers.

 

Les experts avaient parié sur une révision plus importante encore. Il s'agit néanmoins du pire trimestre depuis 1982, qui a provoqué une chute de 16,5% des bénéfices des entreprises, la pire depuis 1953.

Les intervenants du marché ont plutôt remarqué que le gros de cette révision était attribuable à la diminution beaucoup plus forte que prévu des stocks des entreprises. Cela signifie à leurs yeux qu'elles s'ajustent rapidement aux variations de la demande.

On ne se remet pourtant pas facilement d'un trimestre si affreux, surtout quand les dépenses de consommation ont beaucoup reculé. Ici encore, les investisseurs paraissent plus impressionnés par leur léger regain en janvier et par leur relative stabilité en février.

Pourtant, l'Organisation mondiale du commerce a fait en milieu de semaine une prévision alarmante: la production industrielle du monde devrait chuter de 15% cette année. Combien d'emplois en usines, dans les mines ou les centrales électriques seront de ce fait détruits?

On a d'ailleurs appris hier que 652 000 Américains avaient fait des demandes initiales d'assurance emploi à la mi-mars. Il s'agissait de la cinquième semaine d'affilée que les demandes s'accumulent à ce rythme. «Même si les programmes de crédit de la Fed (Réserve fédérale américaine) et du Trésor devraient soutenir les marchés financiers au cours des prochains mois, la route de la reprise économique sera longue avec un chômage à la hausse», ont fait remarquer Derek Holt et Karen Cordes, économistes chez Scotia Capitaux, dans une note à leur clientèle.

Les marchés y ont vu plutôt le signe encourageant que la détérioration de l'économie américaine se stabilise plutôt que de s'accélérer.

«Même si nous nous attendons à un très mauvais PIB (produit intérieur brut) au premier trimestre, un recul de 5%, le deuxième s'annonce moins mauvais», estime Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale.

Il en veut pour preuve la demande de biens durables, qui a déjoué toutes les prévisions en février. On s'attendait à une baisse, c'est plutôt à un bond de 6,6% auquel on a assisté, quand on exclut les commandes de matériel de défense. Il s'agit du bond le plus fort en quatre ans et demi. Cela dit, à hauteur de 51 milliards, on est encore loin des 64 milliards en moyenne de 2005 à la mi-2008.

Ces nouvelles moins mauvaises que prévu s'ajoutent à celles qui paraissent indiquer que le marché immobilier résidentiel a peut-être finalement trouvé son creux. Tant les mises en chantier que les permis de bâtir, les prix médians des transactions et leur nombre sur le marché de revente ont montré des signes légers d'amélioration en février.

Ne reste plus qu'à sentir un regain de confiance des ménages pour qu'on commence à clamer que le pire est passé. On verra si c'est le cas ce matin, avec la publication de l'indice de confiance du Michigan pour le mois de mars.