Les trois constructeurs nord-américains de l'auto ont perdu 18 concessionnaires au Canada en 2008, dont 14 chez General Motors (GM), et ils en fermeraient au moins trois fois plus cette année, soit plus 50 autres, selon un spécialiste de l'industrie automobile.

Les trois constructeurs nord-américains de l'auto ont perdu 18 concessionnaires au Canada en 2008, dont 14 chez General Motors [[|ticker sym='GM'|]], et ils en fermeraient au moins trois fois plus cette année, soit plus 50 autres, selon un spécialiste de l'industrie automobile.

«Les concessionnaires disparus pourraient même être beaucoup plus nombreux» en 2009, craint Dennis DesRosiers, le consultant de Toronto, à la veille de l'ouverture du Salon de l'auto de Montréal.

Une cinquantaine de fermetures, «ce n'est rien de majeur» sur les 3384 concessionnaires canadiens, réplique Christian Navarre, professeur d'économie à l'Université d'Ottawa spécialisé dans l'automobile. Surtout, «ce n'est pas beaucoup comparativement aux 1000 concessionnaires américains disparus au dernier trimestre».

Le Québec pourrait de son côté perdre une dizaine de concessionnaires en 2009, soit le double de 2008, estime Jacques Béchard, président-directeur général de la Corporation des concessionnaires du Québec.

Dennis DesRosiers ajoute par contre qu'il «est probablement trop conservateur sur ça. J'assume que les trois constructeurs de Detroit vont survivre, mais il est possible qu'on se retrouve avec deux. Alors, des centaines de concessionnaires pourraient fermer!»

Plusieurs dirigeants de l'industrie s'attendent en effet à une consolidation au niveau mondial, dont Irv Miller, vice-président de Toyota USA. Surtout aux États-Unis, si la récession se prolonge. Le président de Chrysler, Bob Nardelli, affirme d'ailleurs avoir été approché, sans succès, par GM, Ford et Renault-Nissan.

«Des constructeurs de Chine pourraient profiter de la crise pour acquérir des marques, comme Chrysler ou Jeep, et obtenir une porte d'entrée aux États-Unis», lance John Mendel, vice-président de Honda Amérique.

Le professeur Christian Navarre note par contre la prudence actuelle des Chinois, qui montrent leurs véhicules aux salons de l'auto, mais ne donnent plus de date sur leur arrivée.

Recul des ventes

Quant aux ventes au Canada, Dennis DesRosiers prévoit qu'elles vont reculer cette année de 9%, soit de 1,65 million à 1,5 million de véhicules neufs, comparativement à 8% pour l'économiste de la Banque Scotia, Carlos Gomes.

Cela donnerait pour le Québec des ventes de 380 000 véhicules pour les 900 concessionnaires en 2009, comparativement à 420 000 l'an dernier, déclare Jacques Béchard.

Christian Navarre «table sur une légère baisse des ventes» seulement, au Canada, parce que plusieurs automobilistes devront renouveler leur véhicule loué cette année (45% du marché canadien avant août dernier). MM. DesRosiers et Béchard ajoutent que l'âge moyen du parc auto canadien atteint 7,9 ans. «Plusieurs devront donc changer d'auto. Il ne faut pas lâcher, lance Jacques Béchard. Les concessionnaires ne sont d'ailleurs pas moroses tant que ça.»

Les ventes mondiales d'autos chuteraient en 2009 de 4,2 millions, à 66,6 millions, comparativement au recul de 2,5 millions d'unités en 2008, selon Global Insight. Même Toyota a souffert en 2008, note Christian Navarre.

Aux États-Unis, les ventes d'autos ont dégringolé de 16 millions à 13 millions en 2008 pour les 20 000 concessionnaires, et elles pourraient tomber jusqu'à 10,5 millions en 2009, selon Auto News. «C'est catastrophique par rapport aux 17 millions de 2007», déplore Jacques Béchard. Christian Navarre s'attend à une reprise en 2010 et à moins de 11 millions de ventes en 2009.

Au Canada, les ventes ont quand même été bonnes en 2008, notamment chez Chrysler, ajoute le professeur Navarre. D'ailleurs, GM et Chrysler n'ont pas encore accepté l'aide de quatre milliards d'Ottawa et de Toronto, de même que Ford qui a en outre refusé celle de Washington, déclare-t-il. C'est qu'avec les conditions de l'aide américaine, les actionnaires perdraient presque tout, dit-il.

Cependant, Dennis DesRosiers croit que les constructeurs réduiront leurs incitatifs, ce qui se traduira par des hausses de prix au Canada. Christian Navarre s'attend plutôt à une guerre de prix.