Alcoa (AA) lance la saison des résultats en déclarant une perte de 1,19 milliard. Voilà une annonce dont les marchés, complètement déprimés, auraient pu se passer.

Alcoa [[|ticker sym='AA'|]] lance la saison des résultats en déclarant une perte de 1,19 milliard. Voilà une annonce dont les marchés, complètement déprimés, auraient pu se passer.

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Le métal gris n'a pas été aussi rouge depuis longtemps chez Alcoa. Après la fermeture des marchés, le producteur d'aluminium a annoncé hier sa première perte trimestrielle en six ans, lançant ainsi la saison des résultats chez les grands industriels américains.

La perte nette s'élève à pas moins de 1,19 milliard US, soit 1,49$ par action, incluant 920 millions de charges spéciales. «Les résultats sont le fruit d'une baisse de 35% des prix de l'aluminium dans le trimestre (une baisse de 56% depuis juillet) et d'une chute prononcée de la demande, particulièrement dans les secteurs de l'automobile, du transport commercial, des édifices et de la construction», explique la direction dans le communiqué.

Les résultats d'Alcoa n'étaient pas encore publiés que son titre était tiré par le bas. Le titre d'Alcoa a perdu près de 7% de sa valeur en séance, à 10,06$US après qu'un analyste de la Deutsche Bank eut fait passer sa recommandation sur le titre de «conserver» à «vendre». Il a aussi réduit son cours cible de 10$US à 8$US.

Quarante minutes près la publication des résultats, le titre reprenait près de 3% dans les marchés électroniques... avant de retourner dans le négatif alors que progressait la conférence téléphonique des dirigeants d'Alcoa.

Un exemple qui sera suivi?

Jusqu'à quel point ces résultats en rouge chez le plus grand producteur d'aluminium américain sont-ils révélateurs de ce qui attend les autres industriels? Et l'ensemble de l'économie? «Généralement, c'est un bon indicateur, même s'il n'est pas parfait», soutient Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO marché des capitaux, avant la publication des résultats.

M. Porter souligne qu'il n'est pas un expert des entreprises. N'empêche, son expérience de 20 années lui a appris que les résultats d'Alcoa «vont donner le ton aux résultats des autres compagnies industrielles, pas seulement aux États-Unis, mais partout sur la planète».

Quels critères regarder?

Un des points importants à regarder, selon lui, ce sont les revenus du fabricant d'aluminium. Ils sont de 5,7 milliards au quatrième trimestre, contre 7 milliards au trimestre précédent et 6,1 milliards au quatrième trimestre de l'an dernier.

Comme l'indique Gabriel Lancry, «il est évident que ce n'est jamais un bon signe quand des entreprises comme celles-ci montent des signes de faiblesse... La demande n'est pas là.»

Les commentaires de M. Lancry ont aussi été faits avant la publication des résultats. Ils se basent sur l'annonce, la semaine dernière, de la suppression de 13 500 emplois chez Alcoa, soit 13% de son effectif. En plus, dit-il, les inventaires d'aluminium augmentent, tant en Chine qu'ailleurs sur la planète.

Autre élément que M. Porter surveillera dans les prochaines semaines pour savoir dans quelle direction pointe l'économie: les commentaires de dirigeants d'entreprises. Il ne s'attend pas à en entendre beaucoup d'optimistes.

Hier, les dirigeants d'Alcoa, dans leur présentation téléphonique, utilisaient des expressions comme: «temps incertains», «faiblesse continue», «détérioration dramatique des commandes» dans le secteur des produits laminés. Ils ont aussi mis l'accent sur l'importance de conserver le plus de liquidités possible en ces temps difficiles et que, «à long terme», l'industrie de l'aluminium ira mieux.

Autre élément à surveiller dans les prochaines semaines, selon l'économiste senior de Desjardins, Mathieu D'Anjou: les données des indicateurs avancés. Jusqu'à présent, note-t-il, mis à part dans les services aux États-Unis, ils n'annoncent rien de bon à court terme. «Pour l'économie, on pense que ça va être assez négatif jusqu'à la mi-année», dit-il.

Et la Bourse, celle qui devance souvent les données économiques en enregistrant un bond avant que les données sur la croissance ne soient enregistrées? «Le creux a peut-être été atteint», soutient M. D'Anjou, ajoutant ne pas s'attendre à une remontée rapide. «On s'attend à des fluctuations pour encore plusieurs mois.»

Il note aussi que les indices de confiance, tant des consommateurs que des entreprises, ne sont pas encore très encourageants (voir autre texte en page 1).

Une lueur d'espoir: les conditions de crédit qui s'améliorent tranquillement. «D'ici la mi-année, on aura peut-être une situation un peu plus normale.»

La liquidité des marchés, tant financiers que boursiers, Gabriel Lancry, administrateur associé chez Scotia McLeod, la surveille aussi. «Les banques ont emprunté à des taux ridicules aux banques centrales. Cet argent, il n'est pas fait pour garder dans les coffres. Il est fait pour être réinjecté dans le circuit, dans la roue économique.«