Le cours du pétrole pourrait chuter sous les 30$ US d'ici la fin du trimestre, mais il devrait rebondir durant la deuxième moitié de l'année, a pronostiqué lundi la banque américaine Goldman Sachs, lors d'une conférence à Londres.

Le cours du pétrole pourrait chuter sous les 30$ US d'ici la fin du trimestre, mais il devrait rebondir durant la deuxième moitié de l'année, a pronostiqué lundi la banque américaine Goldman Sachs, lors d'une conférence à Londres.

Le pétrole échangé à New York, qui cotait 34,30$ US lundi soir, pourrait prochainement passer sous le seuil de 30$ US d'ici fin mars, avant de rebondir à 65$ US en moyenne au second semestre, a estimé lundi Jeffrey Currie, analyste de Goldman Sachs, lors d'une présentation des prévisions 2009 de la banque pour les marchés financiers.

Le pétrole toucherait ainsi des niveaux plus bas encore qu'en décembre, lorsqu'il avait atteint 32,60$ US le baril à New York.

Lundi soir le baril de «light sweet crude» pour livraison en février perdait 2,21$ US à 34,30$ US sur les échanges électroniques à New York.

Goldman Sachs estime que la demande pourrait baisser de 1,6 million de barils par jour en 2009, un scénario bien pire que celui de l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE).

L'effondrement des prix devrait pousser l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), mais aussi les producteurs non-membres du cartel, à réduire fortement leur offre.

«Dans le secteur des matières premières, pour qu'un rebond des prix ait lieu, il faut que la demande soit supérieure à l'offre», a expliqué M. Currie.

Pour que le marché, marqué actuellement par un important excédent de production, passe en déficit, «il faut que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole baisse fortement et volontairement sa production, et que les producteurs non-Opep soient également obligés de réduire leur offre», a-t-il précisé.

Les producteurs non-membres de l'Opep, notamment au Canada et aux États-Unis, pourraient se voir contraints de fermer des puits faute de trouver des acheteurs ou de pouvoir stocker leur pétrole.

Et selon M. Currie, les capacités mondiales de stockage de pétrole seraient actuellement quasi saturées.

L'analyste parie sur une nouvelle réduction de la production de l'Opep, lors de sa prochaine réunion en mars, de 1,4 million de barils, par rapport à son objectif de production de décembre (de 24,84 mbj).

Hors-Opep, la baisse de production pourrait atteindre 600 000 barils par jour, calcule-t-il.

Les prix ne devraient pas rester déprimés longtemps commme ce fut le cas dans les années 1980, juge ainsi M. Currie, car la donne est, selon lui, foncièrement différente.

D'une part, «aucun méga projet pétrolier n'est actuellemment en cours de développement» comme c'était alors le cas, avec l'entrée en production d'énormes champs pétroliers en Alaska et dans le golfe du Mexique.

Et du côté de la demande, l'émergence d'une classe moyenne mondiale et la progression du revenu moyen dans le monde augure d'une très forte progression de la consommation d'énergie.

Pour M. Currie, les contraintes pesant sur l'offre de pétrole - volonté croissante de la part Etats de conserver leurs ressources naturelles, fiscalité élevée, épuisement de nombreux gisements - sont les mêmes que l'été dernier, lorsque le pétrole s'était envolé à 147,50$ US.

Ainsi, selon lui, «un pétrole à 30$ US est aussi mauvais pour le consommateur qu'un pétrole à 147,50$ US», car il décourage les investissements absolument indispensables à l'industrie pétrolière.