Henri-Paul Rousseau doit rembourser la généreuse indemnité qu'il a touchée après avoir quitté ses fonctions de président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, a fait valoir mardi le député Amir Khadir.

Henri-Paul Rousseau doit rembourser la généreuse indemnité qu'il a touchée après avoir quitté ses fonctions de président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, a fait valoir mardi le député Amir Khadir.

Le seul représentant de Québec solidaire à l'Assemblée nationale s'insurge contre la prime de «fin d'emploi» de 378 650 $ empochée par M. Rousseau lorsqu'il a quitté la Caisse, l'été dernier, pour accepter de nouvelles fonctions dans le secteur privé, plus précisément chez Power Corporation.

M. Khadir juge non seulement le montant versé démesuré, mais aussi tout à fait injustifié compte tenu de l'héritage laissé par M. Rousseau après six ans à la tête de la Caisse de dépôt.

«Il a très mal agi. Quelles que soient ses compétences, il s'est laissé embobiner par le mirage des papiers commerciaux», a dénoncé, en entrevue à La Presse Canadienne, le député de Mercier au sujet des 13 milliards $ de PCAA détenus par la Caisse de dépôt.

M. Khadir estime que le moment est venu pour le gouvernement de revoir la politique de rémunération et de bonis offerts aux gestionnaires et aux dirigeants des grandes sociétés publiques.

S'il est normal d'offrir un traitement «juste» aux commis de l'État, il est inacceptable de leur accorder des «primes dorées de désistement» et des privilèges dignes de l'ancienne hiérarchie cléricale, a-t-il dit.

«Les clercs économiques sont comme les privilégiés de l'Eglise à l'époque où elle était toute puissante au Québec. Ce sont des nouveaux papes», a illustré le député de la formation de gauche.

À ses yeux, une société démocratique comme le Québec ne doit pas tolérer une telle échelle des classes.

Alors qu'un gestionnaire qui a quitté volontairement son emploi peut espérer empocher des centaines de milliers de dollars en bonis, les petits salariés sont privés d'assurance-emploi s'ils font de même, a-t-il fait remarquer.

Selon M. Khadir, les généreux «parachutes» offerts par l'État à la classe dirigeante sont «immoraux» compte tenu du sort réservé aux citoyens les plus humbles.

«Je me rappelle de l'époque où on faisait payer pendant des années de pauvres assistés sociaux qui avaient touché quelques dollars de plus ou n'avaient pas déclaré quelques dollars provenant d'une jobine», a-t-il relaté.

Au fil des ans, «une culture d'impunité s'est installée au sommet de la pyramide», pense le député, qui suggère que l'État limite aussi les largesses de l'entreprise privée envers ses dirigeants.

«Cette culture d'impunité - avec l'argent des autres - a mené aux excès qui ont conduit nos économies au bord de l'abîme», a-t-il analysé.

La controverse entourant l'indemnité versée à Henri-Paul Rousseau embarrasse le gouvernement de Jean Charest qui marche sur des oeufs dans ce dossier.

Le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, a néanmoins ouvert la porte mardi à une «réflexion».

La rémunération des dirigeants des sociétés d'État est «une question complexe», a avancé M. Bachand, prudent.

«Quand on «focusse» sur la prime de départ, (cela) peut choquer, mais il faut regarder le salaire, il faut regarder le boni annuel, il faut regarder la rémunération à long terme et les conditions de départ - les quatre éléments de la rémunération - et cela a été établi bien avant nous d'ailleurs. Alors ça mérite réflexion», a-t-il affirmé.