La Russie et l'Ukraine ont enfin rouvert les vannes de leurs gazoducs mardi, mettant fin à trois semaines d'un conflit acrimonieux et riche en rebondissements, tandis que l'Europe retenait son souffle en attendant le gaz promis.

La Russie et l'Ukraine ont enfin rouvert les vannes de leurs gazoducs mardi, mettant fin à trois semaines d'un conflit acrimonieux et riche en rebondissements, tandis que l'Europe retenait son souffle en attendant le gaz promis.

Conformément aux promesses faites la veille et dans la nuit par les premiers ministres des deux pays Vladimir Poutine et Ioulia Timochenko, les groupes russe Gazprom et ukrainien Naftogaz ont progressivement remis en route leurs systèmes de transport gazier mardi en milieu de matinée.

«L'Ukraine a commencé à accepter de reprendre livraison du gaz russe» destiné à l'Europe, a indiqué un responsable de la compagnie russe Gazprom, interrogé au téléphone à la station russe de contrôle de Soudja, à la frontière russo-ukrainienne.

«Nous confirmons que le gaz russe arrive dans tous les points» d'entrée, a confirmé un porte-parole de Naftogaz, Valentin Zemlianski.

«Nous ferons de notre mieux pour le faire circuler vers l'Europe dans les plus brefs délais», a-t-il dit, ajoutant: «le délai maximal est de 36 heures, nous tenterons de le réduire».

Gazprom va livrer via l'Ukraine 423,8 millions de mètres cubes par jour, soit 348,8 millions consacrés à l'exportation et 75 millions à la consommation ukrainienne, a-t-il précisé dans un communiqué.

L'Europe, privée depuis près de deux semaines du gaz russe transitant habituellement par l'Ukraine, n'a pas dans l'immédiat réagi à ces nouvelles, préférant la prudence après les diverses déconvenues subies ces derniers jours.

«Nos observateurs vérifieront quand le gaz commencera effectivement à circuler», s'est-elle contentée d'indiquer dans un communiqué lundi soir.

Toutefois, l'autrichien OMV, premier groupe gazier et pétrolier d'Europe centrale, a déclaré mardi attendre l'arrivée du gaz russe. «Le gaz pourrait ainsi arriver prochainement», a-t-il dit.

Gazprom s'est félicité dans son communiqué du fait que les livraisons effectuées mardi soient les premières dans l'histoire des relations entre les deux pays à s'opérer selon «une formule de prix à l'européenne», alors que l'Ukraine bénéficiait jusqu'ici de tarifs préférentiels, à l'instar d'autres pays de l'ex-URSS.

De plus, les contrats signés lundi traitent séparément la question des livraisons à l'Ukraine et celle du transit, mais tous deux courent sur dix ans: cela apporte «des garanties supplémentaires» qu'une interruption du transit vers les consommateurs européens via l'Ukraine «ne se renouvellera jamais plus», se réjouit Gazprom.

Ronald Smith, analyste de la banque Alfa à Moscou, relève dans une note mardi que la longueur des contrats conclus lundi est de fait une bonne surprise.

«L'accord abolit un risque clé pour Gazprom et réduit significativement les dégâts» causés par la crise dans ses relations avec ses clients européens, souligne-t-il.

Autre aspect intéressant des nouveaux accords, ils excluent du jeu l'intermédiaire Rosukrenergo, une discrète société suisse au rôle obscur, poursuit Ronald Smith. Désormais, Gazprom traitera directement avec Naftogaz, se félicite-t-il.

Alexandre Bourganski, analyste de la banque Renaissance Capital, se montre plus prudent: «nous pensons qu'il y a encore beaucoup d'éléments flottants dans cet accord, ce qui laisse la possibilité d'une nouvelle série de pourparlers à l'avenir», estime-t-il.

Moscou avait arrêté ses livraisons à l'Ukraine le 1er janvier et interrompu le 7 janvier la totalité de ses envois à l'Europe via l'Ukraine, qu'elle accusait de «voler» du gaz.