Après avoir rejeté définitivement l'offre d'acquisition présentée par la société américaine Alliant Techsystems (ATK), Ottawa a remis à la firme visée par la transaction, MacDonald Dettwiler and Associates (MDA), un prix de consolation de 109 millions de dollars.

Après avoir rejeté définitivement l'offre d'acquisition présentée par la société américaine Alliant Techsystems (ATK), Ottawa a remis à la firme visée par la transaction, MacDonald Dettwiler and Associates (MDA), un prix de consolation de 109 millions de dollars.

L'Agence spatiale canadienne a attribué à MDA, une firme de Colombie-Britannique, un contrat de quatre ans pour assurer les services de logistique et d'ingénierie de soutien pour le Système d'entretien mobile de la Station spatiale internationale, soit le bras canadien et le robot Dextre.

Toutefois, il ne s'agit que du renouvellement d'un contrat existant.

En outre, la division de MDA à Sainte-Anne-de-Bellevue, l'ancienne Spar aérospatiale, spécialisée dans les technologies liées au satellites et non pas dans la robotique, a toujours les mains vides.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper n'a toujours pas décidé s'il donnera suite au projet de constellation de satellites mis sur pied par le gouvernement précédent.

«À mon avis, la constellation est une initiative très importante pour l'avenir de notre pays», a déclaré le ministre de l'Industrie Jim Prentice, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires vendredi.

«C'est pour cela que nous avons commencé une période d'examen de ce dossier. Nous n'avons pas encore pris de décision.»

Dans son budget de février 2005, le ministre libéral des Finances Ralph Goodale avait annoncé des investissements de 111 millions de dollars sur cinq ans pour la mise au point d'une prochaine génération de satellites, qui devaient s'ajouter à des investissements de 89 millions puisés dans le budget de l'Agence spatiale canadienne, pour une enveloppe globale de 200 millions.

En mars 2006, l'Agence spatiale canadienne a attribué un premier contrat de 7 millions à MDA pour commencer à travailler sur la conception du projet de constellation de trois satellites. Les contrats additionnels se font cependant attendre: l'agence spatiale indique simplement qu'une étude de faisabilité est en cours.

«L'agence a maintenant toutes les données en main», a indiqué le vice-président aux affaires publiques de MDA, Philip Murphy, qui a déploré les délais qui se sont additionnés dans ce dossier.

«Sur un projet de 200 millions, ils ont dépensé moins de 10 millions, a-t-il souligné. Nous espérons qu'à l'automne, nous aurons du nouveau.»

Il a affirmé que la majeure partie du travail associé au projet de constellation pourrait s'effectuer à la division de Sainte-Anne-de-Bellevue, qui compte actuellement autour de 400 employés.

Si le projet de constellation de satellites devait prendre son envol, Sainte-Anne devrait probablement embaucher du personnel supplémentaire.

«Ce serait quelque chose de très positif», a lancé M. Murphy.

La division de Sainte-Anne-de-Bellevue, un chef de file mondial dans le domaine des antennes de satellites, peut compter actuellement sur plusieurs contrats de 10 à 15 M$ accordés par des organismes étrangers.

Toutefois, elle comptait sur la transaction proposée par ATK pour avoir un plus grand accès au marché américain.

Souveraineté canadienne

ATK, une entreprise de Minneapolis, a offert 1,3 milliard de dollars pour faire l'acquisition des actifs géospatiaux de MDA.

Toutefois, le gouvernement canadien s'est inquiété à l'idée de voir Radarsat-2, satellite financé par Ottawa et conçu par MDA, passer sous contrôle américain. Ce satellite doit notamment servir à protéger la souveraineté canadienne dans l'Arctique.

Le mois dernier, le gouvernement conservateur a invoqué la Loi d'Investissement Canada pour rejeter la transaction. Vendredi, le ministre Prentice a confirmé cette décision, affirmant que la transaction n'était pas à l'avantage du Canada.

Il a notamment dit craindre les conséquences de la réglementation américaine sur l'exportation, ITAR (International Traffic in Arms Regulation).

Restrictions diverses

Cette réglementation peut imposer diverses restrictions sur l'embauche de personnel et sur la conduite de certaines activités.

«C'est un facteur qui peut avoir des conséquences économiques, a affirmé le ministre Prentice. À mon avis, ça peut créer des problèmes.»

Après avoir fait connaître sa décision, le ministre s'est présenté à l'Agence spatiale canadienne vendredi matin pour prononcer un discours sur l'importance du développement spatial.

«Nous continuerons de mettre nettement l'accent sur les applications possibles des sciences et des technologies de l'espace pour stimuler l'économie canadienne et améliorer la qualité de vie des Canadiens», a-t-il affirmé.