La crise du papier commercial pourrait bien plonger la Caisse de dépôt et placement en territoire négatif en 2007.

La crise du papier commercial pourrait bien plonger la Caisse de dépôt et placement en territoire négatif en 2007.

«Disons que ce n'est pas une année qui va passer à l'histoire», indique le directeur de la pratique de la gestion d'actifs chez Morneau Sobeco, Jean Bergeron.

Selon ce dernier, le rendement de toutes les caisses de retraite est anémique depuis le début de l'année.

Au cours des neuf premiers mois de 2007, les gestionnaires des caisses de retraite canadiennes n'ont enregistré qu'un faible rendement médian de 2,3 % (avant déduction des frais de gestion) dans la catégorie des fonds diversifiés.

Et les rendements des mois d'octobre et de novembre ne sont guère encourageants, signale M. Bergeron.

La firme Morneau Sobeco croit ainsi que plusieurs caisses de retraite termineront l'année 2007 avec des pertes, soit du jamais vu depuis 2002.

Parmi les facteurs pouvant expliquer cette déconfiture des caisses de retraite, Morneau Sobeco note notamment la forte appréciation du dollar canadien sur les marchés de change.

L'impact du huard est considérable sachant que la Caisse détient près de 30 % de ses placements en actions étrangères.

Dans la catégorie de placements obligataires, là où la Caisse détient 30 % de ses éléments d'actif, là non plus les rendements ne sont pas joyeux. En obligations canadiennes, le rendement médian pour les neuf premiers mois de 2007 s'élève à un gros 0,76 %.

À la Caisse de dépôt, la porte-parole Annie Vallière se refusait vendredi à tout commentaire sur la question. «Nos résultats financiers annuels seront dévoilés au début de 2008», a-t-elle signalé.

L'an dernier, la Caisse de dépôt a enregistré un rendement global de 14,6 %. Au 31 décembre 2006, les éléments d'actif net des déposants s'élevaient à 143,5 milliards $, en hausse de 21,3 milliards $.

Or, cette année, la crise du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) vient s'ajouter au cassetête des gestionnaires pour éviter les pertes. La Caisse refuse toujours de dévoiler le montant des PCAA qu'elle possède dans ses placements.

Selon plusieurs sources, le «bas de laine des Québécois détiendrait pour environ 14 milliards $ de titres de PCAA non bancaires.

Une dévaluation de 10 à 15 % entraînerait une perte nette de 1,4 à 2 milliards $ dans les coffres de la Caisse.

Déjà, plusieurs banques et compagnies d'assurances ont estimé leurs pertes dans ce type de placement à environ 15 %.

Le Mouvement Desjardins calcule que la crise du papier commercial lui coûte jusqu'à présent 160 M$, soit une dévaluation de 8 % des 2 milliards $ de titres de PCAA non bancaires détenus.

Pour l'heure, toutes les transactions entourant les PCAA non bancaires ont été gelées au Canada. Un moratoire entre les principaux porteurs a été imposé jusqu'au 14 décembre.

Manque de transparence

Professeur d'économie à l'Université Laval, Denis Moffet déplore le manque de transparence des dirigeants de la Caisse dans le dossier des PCAA.

«Le gouvernement doit demander des comptes aux gens de la Caisse. C'est une question de crédibilité. Ils doivent donner l'heure juste aux Québécois», indique-t-il.

Ce dernier se demande d'ailleurs toujours pourquoi le Mouvement Desjardins et la Caisse de dépôt ont investi dans ce type de placement financier dit à haut risque.

«Il faut déplorer l'imprudence des gestionnaires. Les risques étaient pourtant très élevés. Je me demande ce qu'ils faisaient là-dedans», fait-il valoir.