Il n'y a pas que le bois qui sera coupé à Saint-Michel-des-Saints. Les chèques de paie des travailleurs de la scierie aussi. N'empêche, les hommes vont rentrer à l'usine avec le sourire aux lèvres.

Il n'y a pas que le bois qui sera coupé à Saint-Michel-des-Saints. Les chèques de paie des travailleurs de la scierie aussi. N'empêche, les hommes vont rentrer à l'usine avec le sourire aux lèvres.

Le groupe de Jean-Guy Cardinal veut réduire leurs salaires «d'environ 15%» pour relancer l'usine. Le président du syndicat, André Loyer, explique ses calculs. «Ça veut dire que le salaire des gars va passer de 47 000$ à 40 000$.» Il pense que ses membres seront prêts à faire ce sacrifice. «Pour travailler, les gars sont prêts à faire un bout.»

À la fermeture, le quart des travailleurs avait entre 55 et 65 ans. Plusieurs vont donc rentrer au travail avec l'espoir qu'ils pourront atteindre l'âge de la retraite avant de vivre une autre crise majeure.

En mai ou juin prochains, si tout se déroule comme prévu, un peu plus de la moitié des travailleurs les plus âgés de la scierie pourront mettre fin à plus de deux années difficiles.

Gilles Loyer, par exemple, le frère d'André, a déménagé trois fois dans la dernière année. Il a finalement décidé de laisser tomber un emploi à Chertsey, à plus de 100 km de chez lui. «Ça me coûtait 800 à 900$ par mois avant de mettre 5 cents dans mes poches.»

Il est donc rentré à Saint-Michel, où Manon, sa conjointe, attend leur quatrième enfant.

Son voisin d'en face, Claude Champagne, a 55 ans. Il est assez âgé pour avoir droit à un programme gouvernemental québécois pour les travailleurs de villes mono-industrielles. Il a droit à 900$ par mois. «Je mange de l'argent tous les mois», dit-il.

Après une première année de chômage, les travailleurs ont eu droit à une formation: le français, des maths et de la formation pour divers métiers liés à l'industrie du bois. Ces semaines leur ont permis de refaire «leurs timbres» et d'avoir droit à d'autres prestations d'assurance-emploi.

Face à l'incertitude concernant l'avenir de leur scierie, certains ont attendu la réouverture de l'usine par choix ou par dépit. Plusieurs sont toutefois allés travailler ailleurs, souvent à des salaires moindres et tout en maintenant une résidence à Saint-Michel dans l'espoir de retrouver un jour leur emploi. «Ceux qui sont restés au chômage se sont endettés moins que ceux qui sont allés ailleurs», explique le président du syndicat.