Or, argent, bronze le Canada traverse une période difficile. Et on ne parle pas de médailles olympiques, mais bien de la Bourse de Toronto, reconnue pour sa forte teneur en ressources naturelles.

Or, argent, bronze le Canada traverse une période difficile. Et on ne parle pas de médailles olympiques, mais bien de la Bourse de Toronto, reconnue pour sa forte teneur en ressources naturelles.

La semaine dernière, l'indice phare de la Bourse de Toronto a échoué à son plus bas niveau en cinq mois. Le S&P/TSX s'est affaissé de 13% depuis deux mois à cause des déboires des ressources.

Il s'agit d'un cuisant revers pour la Bourse canadienne, qui carbure depuis des années au pétrole et aux matières premières.

À la mi-juillet, tout a basculé. Les fonds spéculatifs (hedge funds) qui pariaient sur la baisse du dollar américain, tout en misant à la hausse sur les ressources naturelles, ont été soudainement pris de panique.

Ils se sont empressés de défaire leur position. Résultat? D'une part, le billet vert a bondi. D'autre part, les ressources se sont écrasées. Entre autres, l'or et le pétrole ont fondu de 23% depuis leur sommet.

«C'est la première fois que je vois un changement de cap aussi violent en 25 ans de carrière», affirme Luc Fournier, gestionnaire de portefeuille à l'Industrielle-Alliance.

À la Bourse, les titres des sociétés pétrolières et minières ont été emportés par le ressac. Depuis le début de juillet, le secteur de l'énergie a baissé de 17%. Plusieurs petits producteurs et explorateurs ont perdu le tiers de leur valeur. Le secteur des matériaux a été encore plus durement frappé, avec un recul de 25%. Même de grandes sociétés aurifères, comme Goldcorp, ont flanché de plus de 30%.

Est-ce que cela marque définitivement la fin du long cycle de hausse des ressources naturelles? «C'est la question que tout le monde se pose», répond Martin Roberge, stratège quantitatif chez Valeurs mobilières Dundee.

«Je suis du camp de ceux qui pensent qu'on aura encore une dernière phase de hausse des ressources, jusqu'au printemps prochain», dit M. Roberge. Il demeure plus optimiste pour les actions des sociétés de ressources que pour le prix des matières premières sous-jacentes.

Généralement, le cours des actions et le prix des matières bougent en tandem. Mais les cours n'avaient pas suivi le prix des matières jusqu'à leur zénith. Les actionnaires jugeaient peut-être ces niveaux irréalistes.

Par contre, les cours sont retombés presque autant que le prix des matières premières depuis la mi-juillet. M. Roberge considère que les titres de ressources ont été victimes d'un phénomène de rotation sectorielle.

Plusieurs fonds spéculatifs misaient à la hausse sur les titres de ressources, tout en vendant les banques à découvert. Mais cet été, le gouvernement américain les a forcés à modérer leur pari à la baisse sur les banques. Du coup, ils ont dû vendre des titres de ressources, pour démanteler leur stratégie.

Ainsi, les titres de ressources sont doublement dépréciés. «Qui aurait dit que les titres de ressources se transigeraient moins chers que ceux des banques?» lance M. Roberge.

«Mais les secteurs malades ne vont pas repartir si vite que ça», croit M. Fournier. Le secteur financier et le commerce de détail ont profité de l'exode des capitaux des ressources. «Mais ça, c'est du court terme. Maintenant, il va falloir qu'ils livrent la marchandise», enchaîne-t-il.

Or, les problèmes ne sont pas encore tous réglés dans le marché immobilier américain. Et le consommateur américain n'est pas au sommet de sa forme.

Les flux des capitaux reviendront-ils vers les ressources? Chose certaine, la faiblesse des titres est bien tentante pour les chasseurs d'aubaines.

«Les actions ne sont pas chères. On paie une bouchée de pain», indique M. Fournier. Il cite le titre de Teck Cominco, qui se négocie à environ 8 fois ses bénéfices par action. Son titre a perdu 21% depuis le début du trimestre. Pourtant, les analystes viennent de réviser leurs prévisions de profits pour l'an prochain: ils s'attendent à ce que la société hausse ses bénéfices de 36%.