C'est bien connu, un mauvais patron peut vous empoisonner la vie.

C'est bien connu, un mauvais patron peut vous empoisonner la vie.

Sophie (nom fictif) l'a appris à ses dépens. Seule femme cadre dans une entreprise privée, elle a subi pendant cinq ans les foudres d'un boss macho, autoritaire, manipulateur et colérique.

«Je travaillais pour un incompétent, raconte-t-elle. Il se préoccupait plus de son salaire et de son image que de la compagnie.»

Son estime personnelle a fondu au rythme des menaces, des sacres et des claquements de portes. «Il m'espionnait sans cesse», ajoute Sophie qui a démissionné au terme d'un long congé de maladie.

L'expérience de cette cadre supérieure laisse dire à la psycho-sociologue Monique Soucy que plusieurs dirigeants ne sont pas dignes de porter leur titre.

«Ces personnes nuisent à l'entreprise, mais elles demeurent souvent tolérées», déclare-t-elle.

Résultat? «Une piètre relation avec son supérieur est la première raison qui pousse les employés à démissionner», affirme Michel Lizotte, associé chez Raymond Chabot Ressources humaines.

Selon lui, les mauvais patrons se distinguent par leur tendance à parler au «je», à prendre le crédit du travail des autres, à gérer de façon autoritaire et à partager peu d'informations avec leurs subalternes.

«Ils agissent ainsi par insécurité, explique-t-il. Cela leur permet de régner, de se rendre indispensable.»

Comment devenir un meilleur patron

Au dire du conférencier et formateur Alain Samson, il y aurait heureusement davantage de bons que de mauvais patrons au Québec. «Mais ça ne veut pas dire que le leadership est inné!», précise celui qui s'intéresse à l'amélioration de l'environnement de travail.

Atteindre le sommet de la hiérarchie ne signifie pas, en effet, qu'on peut s'asseoir sur ses lauriers. Il faut savoir, entre autres, développer et partager une vision de l'entreprise, gérer les conflits, les tâches et le temps efficacement, donner l'exemple, coacher son personnel, se préoccuper du bien-être et de l'opinion de ses employés, susciter la motivation et créer un sentiment d'appartenance.

«Un patron chevronné saura par ailleurs être chaleureux avec son personnel sans pour autant verser dans une trop grande familiarité, ce qui traduirait un manque de sagesse et d'éthique», observe Monique Soucy.

Ces compétences exigent des qualités intrinsèques à l'individu comme le dynamisme, l'empathie, l'humilité, la flexibilité et la générosité. «Ce sont toutes des aptitudes qui peuvent difficilement s'améliorer avec le temps», estime toutefois Michel Lizotte.

C'est pourquoi de plus en plus de dirigeants font appel à des mentors ou à des coachs qui les initient au savoir-être patronal. Alain Samson recommande notamment le Service de mentorat d'affaires de la Fondation de l'entrepreneurship.

Ce service confidentiel compte environ 1100 mentors bénévoles. Grâce à leurs conseils, les jeunes entreprises verraient leurs chances de survie et leur chiffre d'affaires augmenter de manière significative.

Ce programme se révèle particulièrement utile dans un contexte où la gestion des ressources humaines n'est plus celle d'il y a dix ans. «Aujourd'hui, c'est au patron à s'ajuster à ses employés et non l'inverse», constate M. Lizotte.

Qui sont les mauvais patrons?

La psycho-sociologue Monique Soucy a élaboré le profil de 11 patrons qui laissent à désirer. Les voici.

- Le visionnaire: Idéaliste et positif, il peut parfois être mégalomane et manquer de pragmatisme.

- L'autoritaire: Il se concentre sur les résultats et n'est pas un adepte de la conciliation. Inquiet, il ne fait pas facilement confiance et peut donner des ordres de façon parfois blessante.

- Le gentil: Doux, parfois paternaliste ou bonasse. Il est axé sur l'entente, les bonnes relations et le climat de travail.

- Le technocrate: Personnalité froide, orientée sur la tâche et la planification rigide. Il se soucie des détails, mais peut perdre de vue les priorités et l'objectif ultime.

- Le désengagé: Il s'implique le moins possible, entretient des rapports superficiels avec ses employés, ses collègues et même ses supérieurs.

- Le rassembleur: Personne d'équipe - sociable, souvent extravertie - qui peut toutefois avoir des difficultés à assumer son leadership, à dire non ou à prendre une décision impopulaire.

- Le captif: Introverti et nerveux (en général), il travaille de façon isolée, délègue peu et ne reconnaît pas les forces de ses employés. Il s'exprime surtout au "je".

- Le narcissique: Orgueilleux, il a un gros ego, se valorise par son travail et tend à se surévaluer et à récupérer les crédits du travail des autres sans reconnaître leur collaboration.

- L'impulsif: C'est un patron brouillon. Il travaille en ignorant l'orientation de l'entreprise. Lui-même n'a pas de direction précise et n'en donne pas à ses troupes.

- Le patineur: Il possède un bon flair politique, mais n'a pas confiance en lui. Il fuit son leadership et répond vaguement pour ne pas s'engager.

- Le messager: Ce «yes man» veut plaire à tout prix à ses supérieurs. C'est un imposteur qui ne se fait aucunement confiance. Ses employés savent qu'ils ont affaire à une marionnette.