Le PDG de la banque d'affaires Merrill Lynch (MER), Stanley O'Neal, a décidé de démissionner suite aux déboires financiers de la banque.

Le PDG de la banque d'affaires Merrill Lynch [[|ticker sym='MER'|]], Stanley O'Neal, a décidé de démissionner suite aux déboires financiers de la banque.

C'est ce que révèle le Wall Street Journal en citant une source proche du dossier.

Le conseil d'administration de Merrill Lynch était parvenu samedi à la conclusion que M. O'Neal devait partir, avait rapporté dimanche matin la presse américaine.

Selon le WSJ, le conseil compte mener une large recherche à la fois en interne et à l'extérieur de la firme pour choisir son remplaçant.

Merrill Lynch a choqué en annonçant la semaine dernière une perte trimestrielle de 2,24 milliards de dollars et surtout des dépréciations d'actifs de quelque 8 milliards de dollars, alors que 19 jours plus tôt, elle avait estimé ces dépréciations à «seulement» 4,5 milliards.

Déjà vendredi les marchés tenaient l'éviction de M. O'Neal pour acquise, ce qui a fait remonter l'action de près de 9% à la Bourse de New York. Le conseil s'est ensuite réuni samedi pour discuter du sort de M. O'Neal, selon les journaux.

En quittant son poste, selon la presse, M. O'Neal touchera au moins 159 M$, dont 30 millions en indemnités de retraites et 129 millions en stock options.

Le nom le plus souvent cité pour le remplacer est celui de Laurence Fink, le PDG de BlackRock, une société d'investissement en partie détenue par Merrill. Parmi les autres remplaçants potentiels figure aussi le coprésident de Merrill Lynch, Gregory Fleming.

M. O'Neal, l'un des rares Noirs à occuper une position d'une telle importance à Wall Street, dirige Merrill Lynch depuis 2003.

Sous sa direction, la firme au taureau a dégagé 5,2 milliards de profits annuels entre 2003 et 2006, contre 2,1 milliards au cours des cinq années précédentes, grâce à une présence accrue sur de nouveaux marchés.

Mais justement à cause de ces choix risqués, la banque a souffert beaucoup plus que ses rivales de la crise des crédits hypothécaires à risques («subprime»).

L'énormité des dépréciations annoncées la semaine dernière, expliquées par l'ampleur des positions de la banque sur le marché des titres de dettes adossés à des créances hypothécaires de mauvaise qualité, équivalent à un huitième de la valeur boursière de Merrill Lynch.

L'écart considérable entre les dépréciations annoncées et les prévisions annoncées trois semaines plus tôt avait poussé les analystes à se demander si la direction était bien au courant de ce qui se passait à l'intérieur de sa propre banque.

De plus selon le New York Times, M. O'Neal se serait définitivement aliéné son conseil d'administration, en prenant contact avec la banque généraliste Wachovia, sans autorisation préalable, pour évoquer une éventuelle fusion.

Et Merrill Lynch ne serait pas encore sortie d'affaires: à en croire les analystes du rival Goldman Sachs, 4,5 milliards de dollars de dépréciations supplémentaires pourraient être nécessaires au quatrième trimestre.

L'action Merrill vaut 32% de moins que son niveau record d'environ 98 $ atteint en janvier, avant la crise des «subprimes»