Au moment où des élections fédérales agrémenteront vraisemblablement l'automne canadien, les investisseurs et les acteurs du marché boursier du pays garderont un oeil sur l'élection qui aura lieu de l'autre côté de la frontière.

Au moment où des élections fédérales agrémenteront vraisemblablement l'automne canadien, les investisseurs et les acteurs du marché boursier du pays garderont un oeil sur l'élection qui aura lieu de l'autre côté de la frontière.

Et c'est Barack Obama qu'ils appuieront, du moins s'ils basent leur choix sur les données historiques dévoilées hier dans une analyse de l'économiste principal de CIBC Marchés mondiaux, Avery Shenfeld.

L'analyse s'intitule McCain vs Obama: For Whom Should the TSX Cheer? («Qui le TSX devrait-il encourager?»)

Appui modéré à Obama

«Les investisseurs devraient peut-être accorder un appui modéré à Obama, a prudemment expliqué M. Shenfeld en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Son élection ne serait peut-être pas favorable à tous les secteurs, mais les données historiques montrent que le marché canadien des actions fait mieux quand des démocrates occupent la présidence.»

Depuis 1956, le TSX a grimpé de 10 % en moyenne dans les années de présidence démocrate. Sa croissance moyenne s'est limitée à 3,5 % quand un républicain occupait le bureau Ovale.

Les quatre pires années de la Bourse de Toronto (1957, 1974, 2001 et 2002) correspondent aussi à des périodes d'administration républicaine.

Invité à commenter ce constat, le titulaire de la chaire d'études politiques et économiques américaines de l'Université de Montréal (associée aux CERIUM), Pierre Martin, rappelle que les présidences démocrates ont été associés à de plus grandes périodes d'inflation, ce que n'apprécient pas les marchés boursiers américains.

«Par effet de comparaison, les Bourses canadiennes pourraient paraître plus intéressantes quand il y a une certaine poussée inflationniste aux États-Unis», dit M. Martin, qui précise que plusieurs facteurs peuvent toutefois intervenir.

Au vu des résultats historiques, Avery Shenfeld écrit: «Il n'y a certainement pas de raison «...» pour les Canadiens de voir les républicains, qui ont toujours été le parti le plus tourné vers le libre-échange et le libre marché, comme étant plus sympathiques pour le marché boursier.»

Cependant, il faut rappeler que le TSX a connu de très bons moments sous la présidence de George W. Bush.

«On vient de finir ce que j'appelle «la mère de tous les marchés haussiers» du TSX», note Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux.

«Ça a eu lieu à cause de la baisse du dollar américain et de la hausse des prix du pétrole. Si les démocrates sont plus favorables avec le TSX, ils ne pourront jamais l'être autant que dans les huit dernières années.»

Libre-échange

Dans son analyse, Avery Shenfeld compare aussi les positions des deux candidats sur des enjeux qui touchent le Canada.

Sur le libre-échange, l'auteur rappelle que les républicains en ont été les défenseurs traditionnels, mais que le parti de l'éléphant n'a pas toujours résisté à l'appel du protectionnisme, comme en fait foi la crise du bois-d'oeuvre.

Néanmoins, note M. Shenfeld, John McCain est «un ardent libre-échangiste» qui s'oppose aux mesures qui limitent la participation canadienne à certains contrats publics.

Quant à Obama, il a plusieurs fois mis de l'avant une révision de l'ALENA, mais plusieurs pensent que ce n'est là que rhétorique. C'est notamment l'avis de Pierre Martin.

«Je crois qu'il y aura une certaine nervosité dans les Bourses canadiennes quant à l'effet potentiel d'une coalition démocrate à la fois à la Maison-Blanche et à la Chambre», dit Pierre Martin.

Mais le professeur ne croit pas qu'Obama réduise la portée de l'ALENÀ s'il est élu.

«Autant il est difficile de passer par-dessus les intérêts des industries protectionnistes pour faire de nouvelles ententes commerciales, autant il est difficile de passer par-dessus les intérêts des industries qui bénéficient d'une entente commerciale existante.»

Avery Shenfeld montre que différentes industries canadiennes pourraient préférer un McCain ou un Obama, dépendant des positions de chacun.

C'est le cas de l'énergie, par exemple. Si Barack Obama soutient la culture d'éthanol, ce qui pourrait profiter aux fabricants de fertilisant, John McCain appuie le nucléaire, ce qui serait avantageux pour l'industrie de l'uranium.