À une époque pas si lointaine, le cheminement d'une carrière était simple. Un travailleur était embauché par une entreprise. Quarante ans plus tard, il prenait sa retraite de la même boîte.

À une époque pas si lointaine, le cheminement d'une carrière était simple. Un travailleur était embauché par une entreprise. Quarante ans plus tard, il prenait sa retraite de la même boîte.

La bonne vieille époque? Pas si vite, répond le chasseur de têtes Stéphane DeGuire.

Aujourd'hui plus que jamais, on peut changer de job et en bénéficier. Le job idéal est à la portée de tous.

«Mon père me disait: «Stéphane, tu as 40 ans, accroche-toi à ton emploi.» Ce n'est plus vrai. Les gens peuvent maintenant faire trois carrières différentes.»

M. DeGuire est bien placé pour le savoir. Il a dirigé les services de ventes de plusieurs entreprises avant de lancer sa propre agence de recrutement. Son boulot: scruter les curriculum vitae, rencontrer et évaluer des candidats.

En somme, il trouve les perles rares. Et pour faire profiter les autres de son expérience, il vient d'écrire un livre intitulé Aujourd'hui, je trouve le job idéal, récemment publié aux Éditions de l'Homme.

Alors que les fermetures d'usines, restructurations et faillites retentissantes semblent tapisser les pages des journaux, on pourrait croire que les chômeurs font la file pour trouver un gagne-pain. Il n'en est rien.

Selon Statistique Canada, le taux de chômage au Québec était de 7%, en novembre.

Un chiffre trompeur, car à peine les deux tiers des 6,1 millions de Québécois en âge de travailler font partie de la population dite «active», c'est-à-dire qu'ils occupent un emploi ou qu'ils en cherchent un.

Les autres - gens au foyer, rentiers - sont exclus du calcul.

«Lorsqu'on parle d'un taux de chômage de 7%, on parle d'environ 280 000 chômeurs, dit Stéphane DeGuire. Du nombre, vous avez les gens en congé de maladie ou de maternité, des travailleurs saisonniers, des personnes en formation. En fait, on est à 2% du plein emploi.»

Avantage travailleurs

De quoi donner de sérieux maux de tête à des entreprises en recrutement. Et selon Stéphane DeGuire, elles sont beaucoup plus nombreuses qu'il n'y paraît.

L'auteur estime qu'à peine 20% des emplois disponibles sont affichés publiquement, dans les petites annonces ou dans les sites web spécialisés.

«Ce 80% d'emplois restants se trouvent par des réseaux de contacts, des firmes de recrutement, des agences de placement, des affichages internes», indique-t-il.

Plusieurs chercheurs d'emploi composent un C.V. et une lettre de présentation générique, postent les papiers sur un site internet et, en un clic de souris, expédient leur candidature à des dizaines, voire à des centaines d'entreprises.

Efficace, la Toile? Absolument pas. Car la majorité des emplois disponibles ne s'y trouvent pas.

Si cette situation pose problème à plusieurs chercheurs d'emploi, Stéphane DeGuire y voit, au contraire, une occasion en or: choisissez vous-même le job de vos rêves et prenez les moyens de le décrocher.

Il n'y a pourtant pas de recette miracle. Le chasseur de tête recommande d'investir autant de temps dans la recherche d'un travail que de temps passé à travailler. Mais pour décrocher le job idéal, c'est peut-être un petit prix à payer.

«Il faut cibler le type de poste que vous voulez. Il faut faire des recherches sur l'internet, dans les bibliothèques. Il faut aller chercher le plus d'information possible sur les compagnies susceptibles de vous intéresser.»

Une fois vos recherches terminées, vous aurez parlé à des employés, à des fournisseurs, à des clients. C'est le moment d'appeler la compagnie. Trouvez le responsable du recrutement, contactez-le et vendez-vous.

Exemple. M. DeGuire est embauché par une entreprise de confiserie qui cherche un employé pour son service des ventes. Il place quelques annonces, reçoit quelques C.V. Rien d'intéressant.

Il reçoit l'appel d'une personne qui se décrit comme un bec sucré. Elle raffole du produit, se passionne pour la compagnie. Seul hic, elle fait dans le pharmaceutique. Une vendeuse de pastilles qui veut se mettre aux bonbons? Pas idéal.

«Je l'ai rappelée après avoir lu son C.V., relate le recruteur. Je lui ai dit qu'elle ne connaissait pas assez le secteur alimentaire pour occuper le poste et qu'elle perdrait son temps si je la passais en entrevue.»

Mais la dame est têtue. Elle fait le tour de la Rive-Sud de Montréal, rencontrant gérants d'épicerie et propriétaires de dépanneurs. Elle demande à chacun d'évaluer les forces et faiblesses des confiseurs avec lesquels ils font affaire.

Quelques semaines plus tard, elle cogne à la porte de Stéphane DeGuire avec, en main, une étude du marché de la confiserie. Non seulement a-t-elle décroché le job, elle est maintenant directrice des ventes.