Après un excellent crû 2007, l'aviation d'affaires continue pour l'instant à bien se porter malgré le pétrole cher.

Après un excellent crû 2007, l'aviation d'affaires continue pour l'instant à bien se porter malgré le pétrole cher.

C'est ce que témoigne la commande lundi de 20 avions Falcon passée par la société d'exploitations en multipropriété Netjets Europe auprès de la compagnie française Dassault.

«Ces quatre derniers mois, Dassault Aviation a connu une activité commerciale assez bonne, mais 2008 sera probablement moins bon que l'an passé», a prédit le PDG de Dassault Aviation, Charles Eldestenne, lors d'une conférence de presse, à la veille de l'ouverture officielle du Salon de l'aviation d'affaires de Genève, EBACE, qui dure jusqu'à jeudi.

Une prévision partagée par ses concurrents après une année 2007 exceptionnelle pour ce segment de l'industrie aéronautique avec une envolée des commandes et la percée de nouveaux marchés, comme la Russie, l'Inde, le Moyen-Orient et l'Asie-Pacifique.

L'an passé, les constructeurs - Bombardier, Embraer, Dassault, Cessna, Eclipse Aviation, Gulfstream et Hawker Beechcraft - ont livré 1138 avions d'affaires, contre 886 en 2006.

Mardi devrait être annoncée une commande pour Bombardier de plus de 1 G$ qui fera passer la société suisse VistaJet numéro deux des opérateurs d'avions privés, selon une source proche de l'entreprise.

Face aux problèmes de congestion dans les aéroports et à la dégradation des services offerts par les compagnies aériennes, l'avion d'affaires est de plus en plus considéré comme un outil de travail au service des entreprises et non plus comme un luxe.

Par ailleurs, les compagnies de multipropriété, telles NetJets, ont beaucoup contribué à décomplexer les utilisateurs potentiels.

La majeure partie des clients de ces compagnies sont des entreprises de taille intermédiaire, pour qui l'utilisation d'un avion d'affaires est nécessaire, mais qui n'ont pas les moyens d'acquérir leur propre avion.

À ce titre, la commande de Netjets annoncée lundi et évaluée à 720 millions de dollars pour 20 jets Falcon 2000 LX est tout à fait significative. Il s'agit d'une des plus grandes enregistrées par Dassault. En 2006, il en avait reçu une de 24 jets d'affaires haut de gamme Falcon 7X de la part de NetJets Europe, pour 1,1 milliard de dollars.

En général, les clients des avions d'affaires sont des particuliers ou des entreprises qui achètent une ou deux machines pour couvrir leurs besoins.

M. Edelstenne avoue toutefois un «léger tassement» dans les commandes depuis le début de l'année après un record de 212 l'an passé. «Il y a quelques acheteurs qui reportent leur décision», a-t-il dit.

Mais pour l'instant, M. Edelstenne «ne ressent aucune pression sur les prix».

Un sentiment partagée par Robert Dranitzke, directeur commercial de NetJets Europe. «Nous avons revu à la baisse nos prévisions pour cette année», reconnaît-il, en raison de la crise financière américaine.

«Chez nos clients qui voyagent pour affaires, la demande continue d'augmenter, mais parmi ceux qui voyagent pour leur loisir, certains renoncent à des séjours par inquiétude de l'avenir», explique-t-il.

Il n'empêche, il compte embaucher plus de 200 pilotes cette année, contre 341 l'an passé.

Ce tassement du marché n'est peut-être pas si néfaste pour les constructeurs, qui ont bien du mal à augmenter leur cadence de production, faute de personnel qualifié notamment. Dassault promet ainsi de produire 10 avions par mois en 2010, contre 8 à 9 cette année.