Le congé de maladie du nouveau président, Richard Guay, a pris au dépourvu le personnel de la Caisse de dépôt. Toutefois, la direction et les employés sont loin d'être en mode panique, a pu constater La Presse.

Le congé de maladie du nouveau président, Richard Guay, a pris au dépourvu le personnel de la Caisse de dépôt. Toutefois, la direction et les employés sont loin d'être en mode panique, a pu constater La Presse.

«La Caisse n'est pas gérée en vase clos, mais par un comité exécutif, en collégialité. L'absence du PDG retarde des décisions à plus long terme, mais pour un mois, ça ne change rien aux activités quotidiennes», nous dit un haut placé à la Caisse.

Le 12 novembre, Richard Guay a pris un congé de quatre semaines, sur ordre du médecin. Son retour est prévu le mercredi 10 décembre. La nouvelle a été rendue publique hier, dans La Presse.

Les raisons médicales de son départ ne sont pas connues. Certains évoquent des problèmes de coeur, mais l'information la plus persistante fait état d'un surmenage. La direction des communications de la Caisse n'a pas voulu donner de précisions. «C'est un congé de maladie. C'est entre le médecin et son patient», a simplement dit le porte-parole, Maxime Chagnon.

À première vue, la nouvelle surprend, dans la mesure où Richard Guay a été nommé PDG de la Caisse il y a seulement deux mois, le 5 septembre. Dans les faits, toutefois, Richard Guay assure la direction de la Caisse depuis mai, lorsque Henri-Paul Rousseau a annoncé son départ.

Le gestionnaire de 47 ans a pris la barre de la Caisse au moment où les marchés financiers allaient connaître leur pire dégringolade depuis la Grande dépression, dans les années 30. Depuis son entrée officielle en poste, le 5 septembre, l'indice composé de la Bourse TSX a perdu plus de 40%.

C'est sans compter que Richard Guay occupe une double fonction. Avant d'assurer la direction de la Caisse, il était chef de la direction des placements depuis mars 2006. Or, son remplaçant n'a pas été nommé et ne le sera pas avant 2009; c'est donc M. Guay qui porte les deux chapeaux.

«À la Caisse, c'est rock and roll depuis un certain temps, il y a beaucoup de pression. Le timing de la job n'était pas le meilleur», nous dit un haut placé.

À cette pression s'ajoute la mésaventure du papier commercial (PCAA), un dossier très complexe qui a tenu en haleine les dirigeants de la Caisse dès le mois d'août 2007. Avec Henri-Paul Rousseau, Richard Guay était l'un des principaux dirigeants sur la ligne de front, nous dit Pierre Laporte, le responsable de la restructuration pour le compte d'Ernst & Young.

Le PCAA, rappelons-le, a obligé la Caisse à retrancher 1,9 milliard de dollars à son actif. Et il est bien possible qu'une nouvelle dévaluation soit prise. La Caisse a été l'instigateur de la restructuration de ce marché de 33 milliards, restructuration qui a impliqué les grandes banques canadiennes et internationales.

«C'est une période stressante et les humains ne sont pas des machines. On a le droit de tomber malade», a dit Michel Nadeau, président de l'Institut pour la gouvernance.

L'ex-numéro 2 de la Caisse est celui qui a embauché Richard Guay, en 1995. Il n'est nullement inquiet de l'intendance à la Caisse. «Dans une firme de gestion de portefeuille, les employés n'ont pas besoin de directives tous les matins. Ils doivent battre l'indice. Et quand le patron part en vacances pour un mois, les choses continuent de fonctionner», dit M. Nadeau.

Même son de cloche des employés sur le terrain. «Pour être franc, un gestionnaire de portefeuille, c'est très égocentrique. En ce moment, c'est le marché qui est stressant. Tout le monde dort mal, surtout quand on parle à des collègues dans l'industrie qui perdent leur emploi. Le congé de Richard Guay n'est qu'une goutte de plus», nous dit l'un des employés.

Pendant son absence, Richard Guay a demandé à Fernand Perreault d'assurer l'intérim. Vieux routier de la Caisse, Fernand Perreault, âgé de 65 ans, est le premier vice-président, immobilier. «Pour les cadres supérieurs, les directives de travail sont très claires. Ils savent quoi faire au jour le jour», a dit le porte-parole, Maxime Chagnon.