Après le fort bond de juillet, tout le monde se doutait bien que l'économie canadienne avait reculé en août. Mince consolation, le repli de 0,3 % est moins prononcé qu'on ne craignait.

Après le fort bond de juillet, tout le monde se doutait bien que l'économie canadienne avait reculé en août. Mince consolation, le repli de 0,3 % est moins prononcé qu'on ne craignait.

Les données du produit intérieur brut (PIB) réel mesuré par industrie, publiées hier par Statistique Canada hier, montrent néanmoins que la croissance faisait du surplace depuis un an déjà, avant même l'aggravation de la crise financière qui sévit depuis la mi-septembre. L'expansion annuelle est limitée à une broutille de 0,6 %, essentiellement attribuable au progrès des services assurés par le secteur non commercial comme l'éducation et la santé. La production des entreprises a été contenue à 0,1 % en un an et elle a été réduite de 0,4 % durant le mois.

Cette année, il y a eu croissance durant trois mois, recul durant quatre et du surplace une fois reprise. Cette stagnation est appelée à se transformer en marche arrière quand seront connues les données de l'activité présente et que le Canada aura encaissé pleinement le choc de l'entrée des États-Unis en récession au troisième trimestre.

En août, tant la production de biens (-0,6 %) que de services (-0,2 %) ont reculé. En juillet, la production de biens avait connu un bond spectaculaire de 1,5 %, aiguillonné par une reprise des activités d'extraction et par une embellie de la production en usine.

Celle-ci s'est repliée de 1,1 % en août portant à 4 % sa contraction annuelle.

Seuls l'agriculture et les services publics ont avancé au cours du mois, la première bénéficiant du retour à un temps clément.

Économie à deux vitesses

Du côté des services, le décrochage de 3,1 % du commerce de gros dû à la chute de la demande de produits automobile n'a pu être compensé par les avancées honnêtes des services de santé et éducation. Fait à signaler, le retour du beau temps et les activités entourant les fêtes du 400e anniversaire de Québec ont gonflé de 0,8 % l'apport de l'hébergement et de la restauration.

« C'est l'histoire de la dernière année, résume Avery Shenfeld, économiste chez CIBC Marchés mondiaux. Les industries productrices de biens sont enfoncés dans une récession profonde tandis que les services ont progressé de près de 2 % depuis août 2007. «

La plupart des économistes s'attendent à ce que septembre ait été tout aussi morose qu'août, malgré la création mensuelle record d'emplois (106 900).

Il faudrait cependant que le repli fût extraordinaire pour que l'ensemble du trimestre ait basculé dans le rouge, compte tenu de la forte impulsion de juillet.

« Le PIB doit tomber de 0,5 % en septembre pour que notre prévision de croissance trimestre annualisée de 1,0 % se matérialise, insiste Sandy Batten, économiste chez JP Morgan à New York. Et il doit chuter de 0,65 % pour que se réalise la prévision de 0,8 % de la Banque du Canada. «

Benoit P. Durocher, économiste senior chez Desjardins va plus loin en évaluant à 0,8 % le repli nécessaire pour que la croissance trimestrielle soit ramenée à zéro. « Une telle baisse ne s'est pas réalisée depuis août 2003. « À l'époque, une panne électrique généralisée avait paralysé durant deux semaines l'économie ontarienne qui, déjà éprouvée par l'épidémie du SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), n'avait pu échapper à une récession technique.

Le dernier trimestre de l'année a donc commencé alors que l'économie avait perdu tout tonus. Voilà pourquoi il y a unanimité pour prédire que PIB est en train de se contracter.

« Nous pensons désormais que le Canada sera en récession d'ici la fin de l'année «, juge Beati Caranci, directrice des prévisions économiques chez Banque TD Groupe financier. La firme estime à 2,6 % la contraction au cours du présent trimestre à laquelle s'ajoutera un nouveau repli de 0,5 % durant l'hiver, si les choses n'empirent pas. En pareil cas, la contraction durerait au moins jusqu'à l'été.