Après plusieurs années torrides, un vent plus frais commence à souffler sur le marché des résidences secondaires, qui prennent plus de temps à trouver preneur dans les lieux de villégiature les plus prisés des Montréalais.

Après plusieurs années torrides, un vent plus frais commence à souffler sur le marché des résidences secondaires, qui prennent plus de temps à trouver preneur dans les lieux de villégiature les plus prisés des Montréalais.

«C'est un peu plus lent, dit Lise Girardeau, vice-président de la Chambre immobilière de la Mauricie. On sent qu'il n'y a pas la vigueur qu'on a connue au cours des 4 ou 5 dernières années.»

Le climat est plus frais aussi dans les Laurentides et en Estrie, où il y a plus de chalets et de résidences secondaires à vendre et où les transactions mettent plus de temps à se conclure.

«On sent une légère inquiétude et on voit des acheteurs qui remettent leurs projets à plus tard», indique Rose Girard, directrice générale de la Chambre immobilière des Laurentides.

Alain Laplante, courtier chez Royal Lepage et président de la Chambre immobilière de l'Estrie, a constaté lui aussi que le marché s'essouffle, mais pas dans le haut de gamme. «Les propriétés de 800 000$ et plus se vendent encore très bien, il n'y a aucun essoufflement», affirme-t-il.

Selon lui, le ralentissement dans le marché des propriétés moins chères est perceptible depuis le printemps. «Est-ce à cause de l'été (maussade) qu'on a eu? Peut-être.»

Les chalets et les résidences secondaires se vendent surtout au printemps et en été. L'été a aussi été plus tranquille en Mauricie. Lise Girardeau rapporte une hausse de 17% des propriétés (de tous genres) mises en vente comparativement à la même période il y a un an et une augmentation du délai de vente.

L'approche de la période des Fêtes, traditionnellement plus tranquille pour l'achat et la vente de résidences secondaire, pourrait confirmer le ralentissement.

La crise financière et la dégringolade des Bourses, des événements encore très récents, n'ont pas encore eu d'effet sur le marché des résidences secondaires. Selon la vice-présidente de la Chambre immobilière de la Mauricie, ce n'est peut-être qu'une question de temps avant que le ralentissement s'accentue.

C'est aussi l'avis d'Alain Laplante. «Il est encore trop tôt. Mais si leurs économies et leurs placements ont baissé, les acheteurs pourraient reporter leurs projets».

Les chalets et les résidences secondaires sont des achats très sensibles à la conjoncture économique, explique Hélène Bégin, économiste au Mouvement Desjardins. Quand le marché se retourne, cette catégorie est la première à souffrir, avec les maisons luxueuses.

Mais au Canada, contrairement aux États-Unis, la situation économique est encore relativement bonne, ajoute-t-elle.

Par contre, l'indice de confiance des consommateurs, qui vient d'être mesuré par Statistique Canada, a fondu, souligne-t-elle. «La confiance des consommateurs a chuté énormément et ça, ce n'est pas nécessairement favorable au marché des résidences secondaires».

Les perspectives sont à la baisse, mais l'économiste de Desjardins ne s'attend pas à un revirement dramatique. «Je table sur un ralentissement graduel. Ça peut devenir une occasion pour les acheteurs de trouver ce qu'ils cherchent, après des années où le marché a été tellement fort».

Le refroidissement du marché des résidences secondaires était aussi attendu par les courtiers, qui viennent de vivre 4 à 5 années fébriles. «Ça ne pouvait pas durer», estime Lise Girardeau.

Le marché est revenu à un était plus normal. Il faut maintenant entre 3 et 6 mois pour conclure une transaction, comparativement à entre 3 à 6 semaines, selon elle.

Ni les courtiers, ni l'économiste de Desjardins ne voient toutefois de baisses de prix à l'horizon. «Les prix, qui ont augmenté de 40% au cours des 3 ou 4 dernières années, vont augmenter moins vite», dit Alain Laplante.