Le Mouvement Desjardins se prépare à élire un nouveau président et bien malin est celui qui pourra prédire qui obtiendra le poste.

Le Mouvement Desjardins se prépare à élire un nouveau président et bien malin est celui qui pourra prédire qui obtiendra le poste.

Il est toutefois possible de penser que les candidats potentiels ne manquent pas pour remplacer Alban d'Amours et que la tradition chez Desjardins mène habituellement à élire des présidents à l'interne.

Des têtes d'affiche comme Bertrand Laferrière, actuel directeur général et bras droit de M. D'Amours – considéré comme le numéro deux de Desjardins - ainsi que Louis Roquet, ancien PDG de la SAQ et actuel président Capital de risque du mouvement coopératif, viennent rapidement en tête.

D'autres candidats potentiels pourraient également avoir une chance de s'imposer comme Monique Leroux, actuel chef de la direction financière. Celle-ci avait également été chef de l'exploitation chez Quebecor et vice-présidente à la Banque Royale.

D'autres présidents de filiale pourraient également tenter leur chance dont Anne Gaboury (Développement International Desjardins), Germain Carrière (Valeurs mobilières), Pierre Brossard (vice-président exécutif à la direction), Gérard Guilbault (Gestion des actifs), Richard Fortier (Sécurité Financière) ou Jean-Guy Langelier (chef d'exploitation de la Caisse centrale).

Michel Séguin, titulaire de la chaire de coopération Guy-Bernier à l'UQAM, a déjà oeuvré chez Desjardins. Il confirme que les présidents sont habituellement des dirigeants établis au sein du Mouvement.

«C'est certain qu'il y a une tendance à l'interne, soutient M. Séguin. Alban d'Amours et Claude Béland ont été choisis à l'interne. Les personnes qui feront campagne cette fois-ci doivent bien connaître le Mouvement.»

En fait, les candidats internes sont privilégiés en raison de la formation du collège électoral. Celui-ci est composé de 256 personnes déléguées des caisses Desjardins dans les 15 régions du Québec. Le processeur électoral lui-même ressemble un peu à l'élection d'un chef au sein d'un parti politique.

«Quand tu as à convaincre un collège électoral de 256 personnes, souligne Michel Séguin, ce n'est pas la même dynamique que pour un électorat populaire. Chaque caisse envoie des délégués. Il peut y avoir des alliances, des discussions et des stratégies. La campagne dans les régions et les alliances comptent pour beaucoup.»

Toutefois, les candidatures externes ne sont pas exclues.

«Il n'est pas impossible que quelqu'un de l'externe se fasse élire, ajoute le professeur, mais au niveau de la structure et du processus électoral, une personne à l'interne a plus de crédibilité.»

C'est également ce que croit Benoît Tremblay, directeur du Centre d'études Desjardins à HEC Montréal.

«Le collège pourrait choisir un candidat à l'extérieur du Mouvement, mais il faudrait que celui-ci ait une grande notoriété», dit-il, en faisant référence à Henri-Paul Rousseau comme exemple.

M. Tremblay estime également qu'un candidat peu connu serait également en mesure de brouiller les cartes.

«Il y a plusieurs jeunes candidats qui pourraient émerger en bout de course», indique-t-il.

Aussi, une certaine méfiance peut s'afficher à l'égard de candidats qui proviendraient des banques. Et les disparités entre Montréal et le reste du Québec peuvent s'afficher au grand jour.

«J'ai le sentiment qu'il y aurait une prédisposition négative par rapport à un candidat provenant des banques, surtout au niveau des régions, lance Michel Séguin. Mais peut-être moins à Montréal.»

Un ancien PDG de la SAQ comme Louis Roquet part-il avec une longueur d'avance avec un statut de vedette ?

«Ça peut être un couteau à double tranchant, répond M. Séguin. Tout dépend de la perception que l'on a d'eux. La dernière fois, le président de la Fédération de Montréal, Jocelyn Proteau, affrontait Alban d'Amours. M. Proteau était un peu plus connu et ça a joué contre lui.»

Encore une fois, les clivages régionaux ont eu un impact sur le vote, avance M. Séguin.

«Peut-être que le côté montréalais de M. Proteau passait moins bien. Le Mouvement Desjardins est un peu comme le Québec: Montréal est perçue comme la partie qui s'éloigne des valeurs coopératives alors que les régions s'en estiment garantes.»

En 2000, Alban D'Amours avait été élu après une chaude lutte de six tours. Il avait coiffé au fil d'arrivée Jocelyn Proteau et Michel Rouleau, qui était alors président de la Fédération de Québec.

Contacté par LaPresseAffaires.com, M. Rouleau a dit ne pas être intéressé à se lancer dans la course.

«C'est une expérience passée», a-t-il fait valoir en entrevue téléphonique.

Il a été impossible de joindre M. Proteau afin de connaître ses intentions.

Les candidats potentiels ont jusqu'au 28 janvier pour se présenter. Desjardins fera connaître le nom de ces candidats le lendemain.

Pour ce qui est de l'élection, elle se tiendra le 15 mars prochain.