Les biotechs québécoises ont connu un essor fulgurant au cours des 15 dernières années.

Les biotechs québécoises ont connu un essor fulgurant au cours des 15 dernières années.

Pourtant, même si elles ont quitté l'adolescence pour entrer dans l'âge adulte, elles ne sont pas au bout de leur peine.

Les rendements faramineux restent un objectif à atteindre. Sans compter qu'elles doivent se démarquer à l'échelle planétaire dans un environnement très compétitif.

Bref, seules les meilleures biotechs survivront.

Au Québec, le nombre des entreprises biopharmaceutiques a diminué au cours des sept dernières années.

Elles sont passées de 168 à 145, selon une récente compilation du ministère du Développement économique, Innovation et Exportation.

En contrepartie, le nombre de leurs employés a augmenté de 35%, à 21 000 personnes.

«C'est la preuve qu'elles ont gagné en maturité», estime Patrick Montpetit, président du conseil de BIOQuébec et chef de la direction financière de Bioniche Life Sciences.

Longueur d'avance

Du côté des investissements en capital de risque, le Québec garde une longueur d'avance sur l'Ontario et la Colombie-Britannique. À ce chapitre, la Belle Province occupait le 10e rang parmi les grandes régions d'Amérique du Nord l'an dernier.

Même si ce n'est pas une sinécure d'obtenir du capital de risque, il n'en demeure pas moins que la situation s'est améliorée depuis 2003.

«Les investissements globaux pour tous les secteurs confondus ont atteint 2,1 milliards de dollars en 2007, soit 21% de plus qu'en 2006«, constate Marc-André Nadeau, associé chez Samson, Bélair, Deloitte et Touche.

S'il est vrai qu'il existe plus de capital de risque pour l'innovation que par le passé, ce sont toutefois les entreprises qui ont atteint un stade avancé de développement qui sont choyées.

«Lors du troisième trimestre de 2007, elles ont reçu près de 80% de toutes les mises de fonds», ajoute-t-il.

Serge Sépatie, vice-président, petites capitalisations, chez Natcan, croit que leur situation est encore difficile même si elle s'améliore.

«Ce secteur est hautement spéculatif, rappelle le spécialiste. Il évolue dans un environnement très compétitif et les biotechs ne sont pas seules dans la course au capital de risque.»

Charles Fong, directeur capital de risque à la Banque de développement du Canada, met en lumière l'impact négatif des récents effondrements financiers sur le marché américain.

«L'industrie pharmaceutique, dit-il, n'est pas au meilleur de sa forme. Et avec le nombre d'entreprises qui se disputent le secteur, il est clair qu'il n'est pas facile de se démarquer. Les défis à surmonter en R&D sont énormes.»

Pour Marc Leroux, directeur général d'Univalor, une société en commandite qui commercialise les résultats de recherche émanant du milieu universitaire, il y a beaucoup de capital de risque actuellement disponible.

«Il est abondant, il est plus intelligent et plus prudent qu'il ne l'était. Il se fait moins d'investissements. En contrepartie, ils sont peut-être de meilleure qualité.»

De son côté, Patrick Montpetit constate que le gouvernement, en s'associant aux biotechs par l'entremise des FIERS, redore leur blason aux yeux des investisseurs de capital de risque sur le marché international.

«On assiste à l'arrivée de nouveaux fonds étrangers, notamment américains, à Montréal, dit-il. Ces gens-là cherchent les «bonnes affaires», ils participent à l'économie locale et commencent à prendre leur place.»

La stratégie du matching fund, où pour 2 millions investis le gouvernement met 1 million, porte fruit. «D'autant plus que le gouvernement se retire de la gestion des entreprises ainsi financées.»

«Liée à des avantages fiscaux, cette stratégie gouvernementale a eu un effet salutaire sur la perception des biotechs québécoises par les sociétés de capital de risque étrangères«, souligne à son tour Marc-André Nadeau.