Victime comme ses rivales de la flambée du pétrole, la première compagnie aérienne européenne, Air France-KLM, s'apprête à réduire ses ambitions en matière de capacités dès la saison d'hiver.

Victime comme ses rivales de la flambée du pétrole, la première compagnie aérienne européenne, Air France-KLM, s'apprête à réduire ses ambitions en matière de capacités dès la saison d'hiver.

«Par rapport aux années précédentes, on va limiter l'augmentation de l'offre pour le programme hiver 2008-2009, mais il y aura quand même une croissance», a déclaré vendredi un porte-parole de la compagnie, ajoutant que «des précisions seront données au plus tard en septembre».

Tous les scénarios de réorganisation de l'offre pour la prochaine saison sont envisageables: des avions moins gros, donc moins gourmands en carburant sur certaines destinations, la suppression de certains vols à certaines heures, la fermeture de lignes...

«Il peut y avoir des lignes qui disparaissent sur le court terme sur des destinations touristiques, long courrier à bas prix, la clientèle allant dans d'autres lieux moins chers», a estimé Didier Bréchemier, consultant du cabinet Roland Berger.

Pour la saison hivernale (fin d'octobre à fin de mars), le transporteur table sur une quasi-stabilité de ses capacités (+1,1%), contre plus de 4% initialement prévu, a déclaré le secrétaire général du comité central d'entreprise d'Air France, François Cabrera.

Ces chiffres avaient été communiqués jeudi par le patron de la compagnie, Jean-Cyril Spinetta, aux organisations syndicales réunies en CCE.

Lors de sa conférence de presse-bilan le 22 mai dernier, Air France-KLM n'avait pas exclu une réduction de sa flotte si le contexte économique lui pesait trop.

«Cet été, on aura à regarder l'évolution de nos capacités dans le sens d'une réduction si c'est nécessaire», avait déclaré le directeur financier d'Air France-KLM, Philippe Calavia.

Comme pour ses rivales, les coûts de carburant sont devenus le premier poste de dépenses d'Air France : un tiers environ.

Pourtant, le transporteur franco-néerlandais estime avoir deux atouts non négligeables face à la flambée de l'or noir : sa politique de couverture pétrolière (qui consiste à acheter à terme du pétrole pour se protéger d'éventuelles hausses) lancée depuis une dizaine d'années d'une part et sa flotte particulièrement jeune, notamment dans le long courrier, moins gourmande en carburant, d'autre part.

Et de fait, ses premières mesures envisagées sont beaucoup moins radicales que celles annoncées ces derniers mois par les compagnies américaines, qui ont décidé notamment de clouer une partie de leurs vieux avions au sol et supprimer des emplois.

Outre la réduction de ses ambitions sur l'offre, Air France prévoit des économies supplémentaires de 100 millions d'euros (161 M$ CAN). «Chaque service a été appelé à retarder ses dépenses», a précisé M. Cabrera.

Ces mesures viennent s'ajouter aux 150 millions d'euros d'économies déjà annoncées en mai par M. Spinetta, lors de la conférence de presse.

La direction a également annoncé «une maîtrise des embauches renforcée», ce qui correspond peu ou prou à un gel des embauches, a dit M. Cabrera.

Enfin, Air France étudie une sortie anticipée de toute la flotte des très gros porteurs Boeing 747-400, trop gourmands en kérosène, prévue initialement en 2012, a ajouté M. Cabrera.

Au 31 mars 2008, la compagnie avait 13 avions de ce type en exploitation.