Le marché américain compte pour presque 50% de ce qui se consomme dans le monde en produits issus d'entreprises innovantes en biotechnologie. Il lui est facile de jouer les prima donna.

Le marché américain compte pour presque 50% de ce qui se consomme dans le monde en produits issus d'entreprises innovantes en biotechnologie. Il lui est facile de jouer les prima donna.

De la vache folle à l'obligation qu'une composante du produit soit fabriquée aux États-Unis, toutes les excuses sont bonnes pour ralentir, contrôler, voire stopper l'entrée de nouveaux produits sur ce lucratif marché.

Tant et si bien que les biotechs à la recherche d'un partenariat ou d'une collaboration sont tentées de se tourner vers les marchés européens et asiatiques.

Patrick Montpetit constate que le contexte aux États-Unis a changé et qu'il y est plus difficile d'obtenir les autorisations qui faciliteraient les choses.

Il n'y a pas si longtemps, les biotechs n'avaient pas à faire des pieds et des mains pour que leurs produits quittent les quais.

«Aujourd'hui, constate le chef de la direction financière de Bioniche, nous devons prouver que nous avons des effectifs de fabrication en sol américain. Par exemple, notre vaccin pour contrer la bactérie E. Coli a été approuvé à condition de respecter cette condition.»

Tout en demeurant optimiste, Serge Dépatie, vice-président de Natcan, déclare: «Ce n'est pas le marché proprement dit qui est en cause, mais la Food and Drug Administration (FDA). Plutôt que de s'en tenir à son rôle, l'organisme de réglementation joue les modérateurs.»

Lors d'un récent colloque sur le thème de la mondialisation, Maha Katabi, vice-présidente chez Ventures West, une entreprise canadienne de capital de risque, est allée plus loin en affirmant la FDA «était une organisation politique».

La tendance américaine, selon elle, consisterait à rembourser moins de médicaments et à être beaucoup plus sévère envers les compagnies. Elle a d'ailleurs eu vite fait d'encourager les biotechs d'ici à aller cogner à d'autres portes.

«Il faut aller partout où ça bouge», a-t-elle dit.

C'est ce qu'avait fait Biosyntech en 2005. Faute de trouver de l'argent aux États-Unis, son président, Claude Leduc, a obtenu 6 millions$ d'une entreprise indienne et 1,2 million en Corée.

Il est ensuite retourné aux États-Unis où il a obtenu 21 millions. Comme quoi, quel que soit la valeur du produit, l'argent demeure le nerf de la guerre.

Pour Charles Fong, directeur capital de risque à la BDC, en dépit de l'attitude de la FDA qui se montre de plus en plus réticente à autoriser de nouveaux médicaments, l'importance du marché américain force le respect. Il est incontournable.

«Nous serons toujours dépendants des États-Unis», précise-t-il.

Quant à l'idée d'aller se faire voir en Inde ou en Chine, il croit que c'est aux compagnies de décider si ça en vaut la peine. «Pour l'instant, c'est difficile à dire, on connaît très peu ces marchés», ajoute-t-il.

Me Bob Sotiriadis, du cabinet d'avocats Léger, Robic, Richard constate que le virage vers l'étranger, ailleurs qu'aux États-Unis, s'amorce lentement.

«On transige davantage avec les pays occidentaux qu'avec les pays asiatiques, souligne l'avocat. Ces derniers ont des règles différentes des nôtres. Sans oublier que la langue peut devenir un obstacle. Voilà pourquoi nous avons des avocats et des agents de brevet sur place.»

Cela dit, Me Sotiriadis considère qu'il est toujours plus facile de faire des affaires en Amérique du Nord qu'ailleurs. On connaît les règles, on sait à quoi s'en tenir.

Il donne l'exemple de la France et de ses lois sur la concurrence qui peuvent créer des restrictions et rendre difficile la conclusion d'ententes d'échanges ou de partenariat.