Quand Laurent Beaudoin s'est assis aux commandes du rutilant Spyder qu'on lui a offert hier à Valcourt, c'est en quelque sorte le nouveau siège du design chez BRP qu'il inaugurait ainsi. Quelques minutes plus tôt, à sa totale surprise, le voile qui couvrait la façade du long édifice de briques et de verre est tombé pour en révéler le nom: le Centre de Design&Innovation Laurent Beaudoin.

Quand Laurent Beaudoin s'est assis aux commandes du rutilant Spyder qu'on lui a offert hier à Valcourt, c'est en quelque sorte le nouveau siège du design chez BRP qu'il inaugurait ainsi. Quelques minutes plus tôt, à sa totale surprise, le voile qui couvrait la façade du long édifice de briques et de verre est tombé pour en révéler le nom: le Centre de Design&Innovation Laurent Beaudoin.

Le nouveau centre de 5000 mètres carrés, d'une valeur de 15 M$, accueille quelque 30 designers, quatre ingénieurs, et près d'une trentaine de techniciens, modélistes et mécaniciens. Ils étaient auparavant répartis à Valcourt, à Sherbrooke et aux États-Unis, chaque équipe se spécialisant dans une des gammes des produits BRP.

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En regroupant sous un même toit les concepteurs des motoneiges, motomarines, VTT et autres bateaux sport, BRP espère créer une synergie entre ses créateurs, tout en leur permettant de faire valoir leurs talents dans les différentes catégories.

Ces concepteurs et techniciens sont regroupés en cinq équipes: Seo-Doo, Ski-Doo, VTT, graphisme et design prospectif. Chacune peut mener jusqu'à cinq projets de front. "Nous avons 15 programmes en même temps", a expliqué le designer industriel Étienne Guay, chef d'une de ces équipes.

À l'heure de la mondialisation et de la lutte pour le coût du moindre boulon, BRP affiche ainsi ses couleurs: c'est par le design qu'elle entend combattre.

«Avec ce nouveau centre, notre avenir sera fondé sur ce qui a fait notre succès depuis les tout débuts de Bombardier: la force d'innovation», a indiqué Laurent Beaudoin.

Le président du conseil de BRP se rappelle encore les soirées qu'il a passées à discuter design avec Sam Lapointe, le designer d'intérieur qu'il avait mis au défi de concevoir un premier Ski-Doo, en 1966. «J'ai toujours eu un oeil pour le détail qui cloche», a-t-il confié, devant une salle où les récents modèles de motoneiges, tout en lignes tendues et en concavité, montrent le chemin parcouru depuis le joufflu modèle jaune à bande noire.

Le fils de Sam Lapointe, Denis, a pris depuis la relève et occupe maintenant le poste de vice-président à la direction du design -un titre qui reflète la place du design chez BRP. Il a fait le cicérone de circonstance dans une visite commentée du nouveau centre, conçu pour favoriser le travail de création.

Les studios occupent une longue pièce longitudinale, pourvue de larges fenêtres. Les espaces de travail hexagonaux ultramodernes assurent suffisamment d'intimité pour l'expression de la créativité, sans empêcher l'essentielle communication avec les collègues, a-t-il expliqué.

Au centre de l'immeuble, une longue tranchée est dévolue à la présentation et à la discussion des maquettes, modèles et prototypes en cours, fabriqués sur place par des techniciens spécialisés.

«On ne peut pas forcer un designer à créer, a insisté le président et chef de la direction, José Boisjoli. Si l'environnement est favorable, il arrive avec de meilleurs produits.»

Ce nouveau centre vise notamment à attirer «les meilleurs talents, qu'ils soient québécois ou étrangers», a-t-il ajouté.

Un jeune Vietnamien, finissant de la plus célèbre école de design de véhicules aux États-Unis, vient pour cette raison de se joindre à l'équipe de BRP, et un designer canadien d'origine tchèque, qui travaillait depuis sept ans en Espagne, a lui aussi plongé.

Chez BRP, le génie, le marketing, et le design sont sur le même pied. Selon José Boisjoli, cette triade est la marque distinctive qui permet à BRP de maintenir son avance sur ses concurrents: "Aujourd'hui, c'est une guerre de talent."