Au cours de la dernière année, le visage d'Adaltis (T.ADS) a changé. Et cette transformation n'est pas terminée.

Au cours de la dernière année, le visage d'Adaltis [[|ticker sym='T.ADS'|]] a changé. Et cette transformation n'est pas terminée.

Avec son usine à Shanghai, la nomination d'un chef des opérations asiatiques et la vente d'actifs en Italie et en Allemagne, le fabricant de tests diagnostiques in vitro est de plus en plus «chinois».

Sans compter que l'entreprise jette un oeil du côté de l'empire du Milieu pour ajouter de nouveaux investisseurs à sa liste. Plusieurs scénarios sont possibles et rien n'est encore décidé.

Des options

Parmi les options: inscrire Adaltis à une Bourse chinoise (Shanghai, Hong Kong) tout en conservant son titre à la Bourse de Toronto; l'inscrire uniquement à une Bourse chinoise; ou la vendre en tout ou en partie à un investisseur privé, potentiellement asiatique.

«Il faut augmenter notre base d'actionnaires, dit son président Pierre Larochelle, qui sera en Chine pour les prochains mois. Et on regarde du côté de l'Asie.» Il faut dire que ses investisseurs canadiens sont essoufflés.

On peut les comprendre. L'action d'Adaltis, lancée à 5,50$ en décembre 2004, ne vaut plus qu'une trentaine de cents aujourd'hui...

Mis à part certains grands actionnaires, comme Picchio Pharma (détenue par Power Corporation et Francesco Bellini), qui continuent à signer des chèques pour renflouer la société déficitaire, les petits investisseurs ont jeté l'éponge.

Des jours meilleurs

Malheureusement, cette lassitude arrive au moment où Adaltis a franchi d'importants obstacles qui lui permettent d'espérer des jours meilleurs.

«Il y a encore des risques liés à l'exécution du plan et à la technologie, précise M. Larochelle, mais les choses se replacent et le potentiel est grand.»

Tout d'abord, tous les tests «clés» pour la plateforme Eclectica (diabète, thyroïde, fertilité, etc.) ont été approuvés.

«On a reçu 29 enregistrements dans les derniers mois, dit le dirigeant. De plus, du côté des maladies infectieuses, c'est réglé pour les hépatites A, B et C. Tous les autres tests (y compris le VIH) devraient être enregistrés d'ici neuf à 12 mois.»

Forte de ces nouveaux enregistrements, Adaltis veut profiter de l'arrivée de Frederick Leung pour augmenter les ventes en Asie, puis en Inde, au Brésil, au Mexique et en Russie. Le nouveau chef des opérations a été cadre supérieur pour Siemens et Abbott, en Chine.

Pour le moment, l'usine de Shanghai fabrique une vingtaine de produits, soit l'équivalent de 20 à 30 millions de tests par année.

Sa capacité de production n'est utilisée qu'à 10, 15%. «D'ici trois ans, on souhaite produire 200 millions de tests, avance le président. On pense que c'est réalisable.»

Selon M. Larochelle, la phase de retournement est bien amorcée. «Notre objectif était de réduire de moitié nos coûts fixes (d'environ 44 à 22 millions), explique-t-il. On devrait atteindre notre cible en juillet prochain.»

Du coup, avec une marge contributive de 60%, Adaltis sera rentable si elle réalise des ventes annuelles d'une quarantaine de millions de dollars.

Au dernier exercice, Adaltis a affiché des revenus de 64 millions. Mais en considérant l'impact des récentes ventes d'actifs, on peut évaluer ses revenus entre 20 et 30 millions à un taux annualisé.

L'ENTREPRISE

Adaltis est une société internationale qui met au point, fabrique et commercialise des tests diagnostiques in vitro et des systèmes de tests pour les petits et moyens laboratoires.

Son siège social est à Montréal. Elle possède une usine à Shanghai et des bureaux à Hong Kong, en Chine. Elle est aussi présente en Italie, en Allemagne et au Mexique. Parmi ses actionnaires, elle compte Picchio Pharma, détenu par le Dr Francesco Bellini et une filiale de Power Corporation (propriétaire de La Presse). Elle est inscrite à la Bourse de Toronto.

DÉFIS

Renouveler sa base d'actionnaires et tirer parti de l'expérience acquise en Europe pour devenir un important fournisseur de systèmes de tests diagnostiques in vitro dans les marchés émergents, plus particulièrement en Chine.

STRATÉGIES

Attirer des actionnaires qui comprennent le marché asiatique; augmenter les ventes grâce à son propre réseau de distribution, réduire les coûts et hausser les capacités de production de l'usine chinoise.

À retenir

Sommes-nous allés sur le marché boursier trop vite? On avait besoin d'aller sur le marché boursier. Ce n'était pas une option. C'était un projet qui allait coûter 60-70 millions.

«Les investisseurs privés étaient prêts à mettre du capital mais on voulait du capital public également. C'était du capital de risque. Quand on a fait l'émission, il n'y avait même pas d'usine.»

«À cause de Power, du Dr Bellini et de la Chine, les gens étaient automatiquement enthousiasmés. Il y en a qui pensaient que l'action passerait rapidement à 10$. Ils ne regardaient pas le fondamental. Ils ont acheté les investisseurs, pas l'entreprise.»

> «Dans les 13 premiers mois on a exécuté le plan. On a fini de bâtir l'usine au milieu de 2005 dans un temps record. Puis, de 2006 à septembre 2007, il y a eu le problème réglementaire. Le gouvernement a déclenché une vaste enquête dans tout le pays pour lutter contre la corruption liée à l'approbation des produits. Le chef de la FDA chinoise a même été exécuté. Pendant 18 mois, tous les nouveaux enregistrements étaient bloqués.»

> «L'action à 30 cents, ça donne une valeur boursière de 30 millions. Si on devait mettre une valeur, l'usine à elle seule vaut à peu près 50 millions. En ce moment, la valorisation est très basse pour quelqu'un qui comprend le marché. Est-ce que certains démontrent un intérêt à acquérir Adaltis? La réponse c'est oui. Mais la question du prix entre dans l'analyse. On ne fera pas une vente de feu.»

> «Avec Power, on travaille sur un projet à Chongqing, une grande ville de 30 millions d'habitants au centre du pays. C'est pour automatiser leurs laboratoires. Si on gagne ce contrat, on parle de 700 à 800 machines à environ 15 000$. C'est environ 10 à 11 millions de ventes. En plus, on vendrait des bandes de réactifs de 15 000$ par machine. Juste ce contrat pourrait générer 10 millions de revenus récurrents, en plus des machines. On est en train de discuter. On va se servir de cette ville comme vitrine.»