Trop vite, mal planifié. Le transfert accéléré de centaines d'appareils de loterie-vidéo (ALV) vers les salons de jeux de Québec et de Trois-Rivières fera mal à des dizaines de propriétaires de bars. Certains craignent même de devoir fermer leurs portes.

Trop vite, mal planifié. Le transfert accéléré de centaines d'appareils de loterie-vidéo (ALV) vers les salons de jeux de Québec et de Trois-Rivières fera mal à des dizaines de propriétaires de bars. Certains craignent même de devoir fermer leurs portes.

Sylvie Flamand voit venir la date du 6 décembre à grands pas. Cette journée-là, la propriétaire du resto-bar Le Corail situé dans le quartier Lebourgneuf devra remettre à Loto-Québec ses quatre appareils de loterie-vidéo.

Mme Flamand n'a pas le choix. Loto-Québec en a décidé ainsi. Or, à moins de 500 pieds de son commerce, un compétiteur pourra conserver ses appareils.

«C'est inacceptable, lance-t-elle au Soleil. Pourquoi nous et pas eux? Il n'y a pas de logique dans ce retrait», déplore-t-elle.

En guise de compensation, Loto-Québec lui versera l'équivalent d'une année complète de commissions normalement encaissées, soit environ 20 000 $ par appareil. Après, plus rien.

La propriétaire du resto-bar Le Corail estime que la perte de revenus sera considérable à partir de 2009. «On parle de 80 000 $ en moins par an. Ce sera tout un choc à encaisser pour la valeur de mon commerce», estime celle qui ne sait pas si elle demeurera encore longtemps en affaires.

Les Détaillants d'appareils de loterie vidéo jugent d'ailleurs que le plan de retrait de Loto-Québec va trop loin.

«On vole la clientèle à des petits commerçants pour la détourner vers des gros salons de jeux. C'est grave», tonne le président Jean Meunier, qui menace de déposer une injonction en Cour supérieure pour faire stopper le plan de retrait de Loto-Québec.

Ce dernier demande que Loto-Québec révise à la hausse les montants des compensations offertes, question d'atténuer les impacts financiers auprès des commerçants touchés.

Et si Loto-Québec continue de faire la sourde oreille, il se pourrait bien que le Bureau de concurrence s'en mêle, prévient M. Meunier.

En branle depuis 2004

Chez Loto-Québec, on soutient que les propriétaires de bars ont eu passablement de temps pour prévoir le coup.

«Ils ont reçu une lettre à la fin de 2004, puis une autre ce printemps. Ils sont au courant de nos objectifs depuis plusieurs années», signale le porte-parole Jean-Pierre Roy.

La société d'État dit appuyer le retrait des appareils sur des critères précis, dont les secteurs où le revenu moyen des ménages est inférieur à 50 000 $ et où le ratio d'ALV est supérieur à deux par 1000 habitants.

Au cours des prochaines semaines, Loto-Québec accélérera son plan de retrait d'appareils des bars de la province. En décembre, 33 sites (91 appareils) ont été ciblés par Loto-Québec. D'ici 2009, la société d'État devrait retirer environ 1000 appareils du réseau des bars.

Loto-Québec avance que le nombre d'ALV dans les bars a été réduit d'environ 1500 appareils depuis 2004.

Il faut noter qu'avec l'ouverture des salons de jeux de Québec, de Trois-Rivières et de Montréal, Loto-Québec comptera près de 13 570 appareils en circulation en 2009. Le nombre total d'ALV aura ainsi été réduit à l'échelle provinciale de 730 unités comparativement à 2004.

D'ici 2009, le nombre de sites renfermant des ALV aura ainsi passé de 3663 à 2521 en sol québécois.

Ces appareils sont de véritables mines d'or pour Loto-Québec. À elles seules, ces machines génèrent plus de 30 % du chiffre d'affaires de la société d'État et près de 50 % de ses profits.

Chaque appareil placé dans un bar génère en moyenne 75 000 $ de profits par année à Loto-Québec. Le même appareil placé dans un hippodrome rapporte annuellement 102 000 $.