En examinant l'histoire récente des crises boursières, difficile pour l'investisseur moyen de ne pas se décourager.

En examinant l'histoire récente des crises boursières, difficile pour l'investisseur moyen de ne pas se décourager.

Lors du krach d'octobre 1987, il a fallu, en moyenne, de 16 à 22 mois pour que le rendement des principales catégories de fonds de communs de placement redevienne positif.

Pire encore, la crise de 2000-2003, liée à la bulle techno, ne s'est toujours pas complètement résorbée.

Selon les analystes, les turbulences qui secouent présentement les marchés planétaires risquent de frapper aussi fort.

Quelle est la pire stratégie pour traverser cette nouvelle tempête?

«La panique», explique Christian Charest, rédacteur en chef adoint de Morningstar, une firme de recherche internationale sur les placements.

L'important, c'est de mettre les choses en perspective, souligne-t-il.

Lorsqu'on examine un tableau des rendements cumulatifs des fonds mutuels des 25 dernières années, la perte subie lors du krach de 1987 ressemble seulement à une toute petite coche sur le graphique.

Il est vrai que lors des crises d'envergure précédentes, cela a pu prendre deux ou trois ans avant que les placements sortent du rouge, mais s'il nous en reste 25 avant de prendre notre retraite, ce ne sera vraiment pas catastrophique."

Après le lundi noir de 1987, les actions mondiales ont perdu jusqu'à 25,5% de leur valeur tandis que les actions canadiennes ont essuyé un revers moyen de 21,1%.

Les indices boursiers ont pris jusqu'à 22 mois avant de remonter la pente.

Quinze ans plus tard, l'éclatement de la bulle technologique a fait chuter les indices boursiers canadiens, américains et mondiaux de plus de 40%.

Le rendement moyen des actions américaines a diminué de 44,1% et il n'est d'ailleurs pas revenu à son point initial.

Christian Charest rappelle que nul ne peut prédire si l'histoire se répétera.

Mais à son avis, les périodes où les marchés sont troubles sont les meilleurs moments pour réévaluer les risques que l'on veut prendre en tant qu'investisseur.

«Lorsque les gens se procurent des fonds mutuels, leur conseiller financier leur demande s'ils seraient à l'aise de subir des baisses de 30%, dit-il. Le problème, c'est que la plupart des gens ne savent pas ce que ça signifie concrètement et répondent oui. Malheureusement, c'est seulement lorsqu'il y a de fortes périodes de turbulences qu'ils réalisent qu'ils n'ont peut-être pas les reins assez solides pour tolérer de telles pertes.»

L'équilibre avant tout

Selon Christian Charest, il n'existe pas de recette magique pour faire fructifier ses avoirs. La stratégie gagnante demeure avant tout le maintien d'un portefeuille équilibré.

«Il ne faut pas tenter de deviner les secteurs qui vont bien faire ou essayer de faire la chasse au rendement, suggère-t-il. Ce que je recommande en tout temps aux investisseurs, c'est de maintenir un portefeuille équilibré qui correspond à son profil de risque.»

De plus, ajoute-t-il, il est important de prêter attention à sa répartition de l'actif entre les actions, les obligations, les liquidités, les placements risqués et les placements non risqués.

Lors des crises de 1987 et de 2000-2003, les actions canadiennes ont essuyé des pertes moins importantes que les actions américaines et mondiales. Malgré cela, le spécialiste rappelle qu'il ne faut pas placer tous ses avoirs sur un même marché.

«Acheter quatre fonds d'actions canadiennes ne veut pas dire qu'on possède un portefeuille diversifié car ils contiennent probablement tous la même chose, prévient-il. De plus, la crise actuelle est différente car c'est le système financier qui est en train de s'effondrer et non des secteurs particuliers comme celui des technologies. Cette fois-ci, le secteur des ressources naturelles subit également un grand recul. En gros, c'est le pire scénario pour le Canada.»

Lorsque notre portefeuille est équilibré et qu'il correspond au genre de risque qu'on est prêt à prendre comme investisseur, la seule autre chose à faire est... l'attente.

«Il ne faut surtout pas paniquer et vendre toutes ses actions, dit Christian Charest. On ne sait jamais quand le marché va reprendre et si votre portefeuille est uniquement composé de liquidités, vous allez manquer toute la reprise!»