Au moins deux mois additionnels seraient requis pour compléter le ménage dans les 35 milliards de dollars en papier commercial, une somme qui est à risque au Canada.

Au moins deux mois additionnels seraient requis pour compléter le ménage dans les 35 milliards de dollars en papier commercial, une somme qui est à risque au Canada.

C'est le délai additionnel dont auraient convenu les membres du Comité spécial de la «proposition de Montréal» et qui doit être confirmé sous peu, croit-on dans les milieux financiers.

Ce comité a vu le jour après la crise de liquidités de la mi-août dans le marché des titres de crédit, qui avait aussi ébranlé les marchés boursiers.

Il a été créé à l'instigation de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui aurait plus de 13 milliards investis en papier commercial à risque, ainsi que la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins.

Des clients investisseurs, des entreprises surtout, ont également des centaines de millions en liquidités figées dans le marché du papier commercial adossé à des actifs, ce qu'on appelle le PCAA.

Ce «comité Crawford», du nom de son directeur Purdy Crawford, un avocat et homme d'affaires d'expérience de Toronto, s'était donné un premier échéancier à minuit, lundi soir, pour parvenir à une solution afin d'éviter une liquidation du PCAA non bancaire.

Mais après maintes rumeurs, le prolongement de ce délai jusqu'à la mi-décembre était attendu avant l'ouverture des marchés, ce matin.

Sans grande surprise dans le milieu financier, d'ailleurs, après les commentaires en ce cens de M. Crawford il y a trois semaines, lors d'un point de presse téléphonique.

Selon un porte-parole du Comité Crawford, le prolongement de deux mois serait un indice de la bonne progression des travaux.

«Ça avance bien, malgré la grande complexité de la situation. Entre autres, il y a une meilleure collaboration de la part de certaines institutions financières qui sont impliquées dans le marché du PCAA non-bancaire», a indiqué Marc Boutet, de la firme de relations publiques National, embauchée par le Comité Crawford.

Mais pour un financier torontois, qui a requis l'anonymat, le prolongement du comité suggère aussi que «ses membres n'ont plus le choix à ce moment-ci de s'obstiner à parvenir à une solution. Leur risque de perte demeure trop élevé».

Pour sa part, Marc Boutet faisait référence à des intervenants financiers qui résistaient à fournir des informations sur les produits dérivés derrière certaines catégories de PCAA non bancaire, de crainte qu'elles aboutissent chez des spéculateurs, comme des fonds de couverture (hedge funds).

Selon la presse financière de Toronto, le groupe financier Deutsche Bank, d'origine allemande, est en tête des institutions étrangères qui ont assoupli leurs réticences, ces derniers jours.

Elles craignaient qu'en obtenant ces informations internes sur ces produits dérivés, des spéculateurs nuisent davantage au rétablissement de la valeur marchande du PCAA non bancaire.

Ce faisant, ils pourraient compromettre l'atteinte d'un règlement parmi les membres du Comité Crawford.

Ces membres¸ en particulier la Caisse de dépôt, le plus gros investisseur connu au Canada en PCAA non bancaire, veulent réduire leur risque de perte en convertissant ce PCAA en nouveaux titres de dette à plus long terme.

Ces nouveaux titres seraient alors plus stables, et donc plus facilement négociables sur les marchés financiers.

Aussi, les grands investisseurs membres du comité Crawford cherchent à préserver la continuité d'affaires de la firme financière Coventree, de Toronto.

Cette firme était la principale intermédiaire du marché du PCAA non bancaire au Canada, et donc gravement amochée depuis la crise de la mi-août.

Par ailleurs, pendant qu'ils nettoient leurs portefeuilles, les membres du Comité Crawford misent sur un redressement du marché nord-américain du PCAA.

En ce sens, le nouveau fonds spécial de 80 milliards US annoncé lundi par trois géants financiers américains (Citigroup, Bank of America et JPMorgan Chase) était décrit hier comme un facteur positif de stabilisation du marché du PCAA.

PCAA 101

Le marché du papier commercial non bancaire est constitué de titres de dette à très court terme qui servent à gérer, avec rendement, des liquidités dans un portefeuille d'investissement.

La valeur marchande du PCAA non bancaire a été sérieusement compromise depuis la crise de liquidités de la mi-août sur les marchés financiers nord-américains.

Cette crise a été provoquée par une soudaine crainte liée à l'ampleur des pertes dans le marché américain des hypothèques à risque (subprime).

Mais au Canada, la situation du PCAA non bancaire a empiré lors du retrait du soutien financier des grandes banques, au cours de la crise de liquidités qui a bloqué leur conversion à échéance, à la mi-août.

Depuis, cette particularité du marché canadien du PCAA s'est révélé un facteur

mal évalué par les agences de notation de crédit, telles que DBRS de Toronto.